
4 MOIS, 26 JOURS, 6 HEURES ET 25 MINUTES
À 8h47, l’avion médicalisé transportant Alexeï Navalny atterrit à Berlin en provenance de Sibérie. Le Russe, âgé de 44 ans, a passé le trajet dans une boîte qui ressemble à un sarcophage. Il est au stade du coma qui précède la mort cérébrale, et l’appareil reste d’abord figé sur le tarmac. Des médecins s’empressent de monter à bord pour prodiguer des premiers soins. Cela dure un peu plus d’une heure. Ensuite, le patient est placé dans une ambulance et le véhicule, escorté par la police, démarre en trombe. Il est 10h20 quand le convoi arrive à l’unité des soins intensifs de l’hôpital de la Charité, en plein centre de la capitale allemande. À ce moment-là, le rythme cardiaque d’Alexeï Navalny est de 31 battements par minute et sa température corporelle de 33,5°C. Il souffre d’hypersalivation, d’hypersudation. Ses jambes se soulèvent d’elles-mêmes, comme si quelqu’un lui assénait des coups de marteau juste en dessous des genoux. Son corps entier est pris de spasmes à intervalles irréguliers. C’est le samedi 22 août 2020. Personne ne sait vraiment ce qu’il s’est passé. Personne ne sait non plus à quoi ressemblera le jour d’après.