ÉTATS-UNIS

Les soldats oubliés

Ils ont servi l'armée américaine et l'Amérique leur avait promis leur naturalisation en retour. Mais pour des milliers de soldats immigrés, le rêve a tourné au cauchemar: la nationalité américaine n'est jamais arrivée, et au moindre accroc avec la justice, ils ont été expulsés dans le pays d'origine de leur famille. Reportage au Mexique, à Tijuana, où, à proximité de la frontière, des dizaines de banished veterans survivent tant bien que mal.
  • Par Axel Cadieux
  • 19 min.
  • Reportage
Illustration pour Les soldats oubliés
Mario Rodriguez, expulsé en 2005.Photos: Robert Benson pour Society

L’ambiance est bonne aujourd’hui. La fille d’Hector, 11 ans, vient d’obtenir une excellente note en maths. Et quand Hector Barajas est content, il pousse le volume à fond: Talk Talk succède à Simple Minds dans une séquence nostalgique synonyme pour lui d’insouciance, d’adolescence et de Californie. D’ailleurs, il y a des drapeaux américains partout dans la pièce, punaisés sur toute la largeur des murs, scotchés aux fenêtres, cloués au plafond. Des Star-Spangled Banner classiques, en tissu ; d’autres en fond d’écran de PC bon marché ; d’autres encore dessinés sur papier par des mains fébriles, avant d’être encadrés. Cinquante étoiles blanches sur rectangle bleu multipliées à l’infini, placées sous le regard d’une figurine Captain America encore sous vide.
Le super-héros, posé sur une étagère, semble contempler son modeste royaume: un studio d’une vingtaine de mètres carrés, composé de chaises bien alignées, d’une petite télé et de trois bureaux disposés en triangle, chacun muni d’un ordinateur et d’un téléphone. Sommaire, vétuste, efficace et organisé. Dans ce quartier de Tijuana, ville frontalière située à l’extrême nord-ouest du Mexique, tout le monde appelle l’endroit “The Bunker”. Officiellement, il s’agit de la Deported Veterans Support House. Un centre d’accueil, de soutien et d’hébergement pour les vétérans de l’armée expulsés du territoire américain après leur service.

Society #43

Une personne à cheval se tient devant un groupe aligné de policiers en tenue anti-émeute dans un paysage désertique.
Photos: Zen Lefort pour Society

« Nous devons couper la tête du serpent noir »

Lakotas, Cherokees, Apaches, Iroquois, Comanches. En quelques mois, ils sont des centaines à s'être mis en route pour rejoindre Standing Rock, au beau milieu du Dakota du Nord, pour former ce qui est devenu le plus gros rassemble d'Amérindiens depuis les manifestations de Wounded Knee en 1973. Au cœur de leur combat: empêcher qu'un pipeline ne dénature leurs terres sacrées. Et, plus largement, "ouvrir les yeux" de l'Amérique blanche sur leur funeste sort.
Des hommes enveloppés dans des couvertures en Mylar dorment sur le sol et les bancs en béton. Un homme boit de l'eau directement d'un bidon, partagé par de nombreux détenus.
Dr

Dans l’enfer des glacières

Les migrants venus du Mexique les connaissent sous le nom de hieleras, les glacières. En Arizona, du côté américain de la frontière, la police entasse dans des centres de détention frigorifiés des centaines d'hommes, femmes et enfants dont le seul crime est d'être entrés illégalement aux États-Unis. Prévues pour être provisoires, les hieleras sont, en réalité, le plus souvent de véritables prisons. Jusqu'à quand?
Illustration pour Certains late show

Certains late show

La télé américaine ne serait pas ce qu'elle est sans les late shows, émissions nocturnes et humoristiques où vedettes hollywoodiennes, pop stars et politiciens de premier rang se précipitent pour étaler leur “coolitude”. Et ça marche: plus populaires que jamais, ces shows influencent considérablement la conscience politique des 18-24 ans. En pleine course présidentielle américaine, plongée dans les coulisses de la télé la plus puissante (et la plus drôle) du monde.

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