
Une fois son café sans sucre avalé, Séverine* passe la porte de l’open space à la moquette grise qu’elle partage avec 400 personnes. Elle réajuste son micro-casque, ouvre le logiciel chargé de lancer les communications téléphoniques qui défileront de 9h à 17h. Depuis douze ans, Séverine travaille chez Concentrix, une société française prestataire de centres d’appels. Depuis cinq ans, elle répond aux appels des clients EDF. Et depuis trois ans, ses conversations sont systématiquement passées au crible par une intelligence artificielle. “Problème”, “peut-être”, “gaz”, ou encore “malheureusement”: si Séverine utilise un des “mots noirs” proscrits par le cahier des charges EDF, l’IA enverra une notification à son manager. “Si on est convoqués, on sait que ça vient de l’IA”, assure-t-elle.