
La chèvre a empalé ses cornes sur une haie bricolée dans l’urgence avec des filets de pêche et des cordes en nylon. Elle a les flancs amaigris. Peut-être le signe morbide de ses dernières heures, ou alors simplement un témoignage du peu de pâturage sur les pentes d’Alicudi. Elle est en tout cas la seule chèvre de l’île sicilienne à s’être fait prendre au piège. À quelques centaines de mètres, des dizaines de caprins dévalent les flancs d’un volcan éteint depuis 28 000 années. Par petits groupes, les animaux gambadent à l’écart de toute présence humaine, en quête de nourriture dans un paysage de sédiments de lave et de figuiers de barbarie. Il y a là des chèvres à longues cornes de race girgentana, une espèce endémique en Sicile et en voie de disparition, des saanen suisses et des naines tibétaines.