
Mi-hilare, mi-incrédule, Jerry pointe du doigt l’agent de sécurité. “Voilà leur conception de la sûreté!” hallucine-t-il. Dans le cabanon en tôle, un homme en polo noir SpaceX, l’entreprise d’astronautique lancée par Elon Musk, scrolle machinalement sur son téléphone. Il n’a effectivement pas l’air de servir à grand-chose. Pourtant, il protège plusieurs dizaines de millions de dollars -au bas mot-d’acier, de silicone et d’oxygène liquide: Starship, la plus grande, la plus lourde et la plus puissante fusée jamais construite. Ce colosse, dont le dernier étage mesure une cinquantaine de mètres de haut, domine South Bay, qui donne elle-même sur le golfe du Mexique. C’est ici, à l’extrême sud du Texas, que Musk a inauguré en 2019 avec le lancement du prototype Starhopper, son usine à rêves interstellaires. Celle qui a attiré aujourd’hui Jerry, casquette SpaceX vissée sur le crâne et pantalon de jogging remonté jusqu’au nombril. “Je vivais à Houston en 1969 quand on a marché sur la Lune. On pouvait croiser les astronautes au supermarché. Je suis même sorti avec une femme qui était mariée à un astronaute”, se vante l’octogénaire, qui a tiré de cette époque une passion pour l’espace. C’est la quatrième fois que ce Texan engloutit les trois heures de route de Corpus Christi jusqu’à Starbase avec son neveu Dan, pour voir “l’histoire s’écrire” sous ses yeux.