Numéro spécial élection américaine

« Nous devons couper la tête du serpent noir »

Lakotas, Cherokees, Apaches, Iroquois, Comanches. En quelques mois, ils sont des centaines à s'être mis en route pour rejoindre Standing Rock, au beau milieu du Dakota du Nord, pour former ce qui est devenu le plus gros rassemble d'Amérindiens depuis les manifestations de Wounded Knee en 1973. Au cœur de leur combat: empêcher qu'un pipeline ne dénature leurs terres sacrées. Et, plus largement, "ouvrir les yeux" de l'Amérique blanche sur leur funeste sort.
  • Par Grégoire Belhoste, à Standing Rock / Photos: Zen Lefort pour Society tous propos recueillis par GB
  • 13 min.
  • Reportage
Une personne à cheval se tient devant un groupe aligné de policiers en tenue anti-émeute dans un paysage désertique.
Photos: Zen Lefort pour Society

Standing Rock, là où le feu sacré ne s’éteint jamais. À l’entrée de ce camp sioux perdu dans un coin du Dakota du Nord, une poignée de volontaires se relaient toute la nuit près du brasier crépitant, jusqu’à la cérémonie dite du “lever du soleil”. Qui intervient sur le coup de 7h, au moment où une centaine d’hommes et de femmes encore somnolents se rejoignent pour fêter les premiers rayons de lumière de la journée. Certains restent en retrait, assis sur des chaises de camping. D’autres forment un cercle autour des bûches enflammées, un gobelet de café tiède à leurs pieds. Tous écoutent religieusement le prêche d’un vétéran indien. “J’ai regardé hier soir le débat entre Trump et Clinton, déroule le vieil homme, vêtu d’une tenue camouflage, un tison allumé à la main. Comme d’habitude, il n’y a pas eu un seul mot sur nous autres les Indiens. Laissez-moi vous dire que l’Amérique n’a pas besoin d’eux, nous n’avons ni besoin d’un roi ni besoin d’une reine pour gouverner ce pays.” L’homme recouvre son visage de fumée et ferme les yeux, puis poursuit d’une voix plus lente, comme si chaque mot était le fruit d’une longue réflexion. “Frères et sœurs, nous n’avons aucune arme, mais nous devons faire face à ces hommes parés de fusils automatiques. Ces hommes détruisent la nature au nom du progrès, il est temps de leur ouvrir les yeux.” Tandis que le soleil se lève enfin au loin, un bruit de moteur recouvre peu à peu le discours du vétéran. Un coup d’œil vers le ciel gris, en direction de l’avion de police survolant la réserve indienne à basse altitude, puis la voix reprend du muscle: “Mère Nature a besoin de notre aide, nous devons couper la tête du serpent noir!”

Deux personnes masquées se tiennent près d'une pelleteuse CAT sur un chantier. L'une est enveloppée dans un drapeau américain et l'autre est torse nu, debout sur la pelleteuse. Le ciel est partiellement nuageux.

Society #43

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Dr

Dans l’enfer des glacières

Les migrants venus du Mexique les connaissent sous le nom de hieleras, les glacières. En Arizona, du côté américain de la frontière, la police entasse dans des centres de détention frigorifiés des centaines d'hommes, femmes et enfants dont le seul crime est d'être entrés illégalement aux États-Unis. Prévues pour être provisoires, les hieleras sont, en réalité, le plus souvent de véritables prisons. Jusqu'à quand?
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Les soldats oubliés

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