
Standing Rock, là où le feu sacré ne s’éteint jamais. À l’entrée de ce camp sioux perdu dans un coin du Dakota du Nord, une poignée de volontaires se relaient toute la nuit près du brasier crépitant, jusqu’à la cérémonie dite du “lever du soleil”. Qui intervient sur le coup de 7h, au moment où une centaine d’hommes et de femmes encore somnolents se rejoignent pour fêter les premiers rayons de lumière de la journée. Certains restent en retrait, assis sur des chaises de camping. D’autres forment un cercle autour des bûches enflammées, un gobelet de café tiède à leurs pieds. Tous écoutent religieusement le prêche d’un vétéran indien. “J’ai regardé hier soir le débat entre Trump et Clinton, déroule le vieil homme, vêtu d’une tenue camouflage, un tison allumé à la main. Comme d’habitude, il n’y a pas eu un seul mot sur nous autres les Indiens. Laissez-moi vous dire que l’Amérique n’a pas besoin d’eux, nous n’avons ni besoin d’un roi ni besoin d’une reine pour gouverner ce pays.” L’homme recouvre son visage de fumée et ferme les yeux, puis poursuit d’une voix plus lente, comme si chaque mot était le fruit d’une longue réflexion. “Frères et sœurs, nous n’avons aucune arme, mais nous devons faire face à ces hommes parés de fusils automatiques. Ces hommes détruisent la nature au nom du progrès, il est temps de leur ouvrir les yeux.” Tandis que le soleil se lève enfin au loin, un bruit de moteur recouvre peu à peu le discours du vétéran. Un coup d’œil vers le ciel gris, en direction de l’avion de police survolant la réserve indienne à basse altitude, puis la voix reprend du muscle: “Mère Nature a besoin de notre aide, nous devons couper la tête du serpent noir!”
