Salvador

“On fait parfois plus avancer les choses en se faisant assassiner”

Comment gouverner l'une des villes les plus ingérables du monde? À San Salvador, capitale du Salvador offerte à la guerre des gangs, le jeune maire Nayib Bukele, 35 ans, a décidé de braver les menaces et de s'attaquer au véritable fléau de sa ville: la pauvreté. En 2016, nous passions quelques jours dans la vie de l'ancien publicitaire, devenu neuf ans plus tard le symbole d'une lutte violente et aveugle contre la criminalité, et le soutien de la politique anti-immigration de Donald Trump.
  • Par Pierre Boisson, à Salvador
  • 22 min.
  • Reportage
Illustration pour “On fait parfois plus avancer les choses en se faisant assassiner”
Photos : Fred Ramos pour Society

Sur la table du petit salon trône un livre unique, La Victoire stratégique, de Fidel Castro Ruz. Nayib Bukele ne l’a pas encore lu. Mais le jeune homme, 35 ans, veste bleue ornée des armoiries de San Salvador, partage l’ambition du Lider Maximo: gagner et changer son pays. Ce soir, monsieur le maire a convié à dîner son cercle de fidèles. Olga, sa mère. Karim, le frère, bras droit et complice, visage et lunettes d’intellectuel. Et puis son conseiller spécial, Ernesto Castro, qui passe son cigare dans la flamme d’un briquet, Mario Duran, élu au conseil municipal, leurs épouses, les oncles, les nièces. Gabriela, la femme de Nayib, coordonne l’arrivée des plats en débouchant un vin rouge salvadorien. Avant de passer à table, le clan se presse devant la télévision. Sur l’écran, Nayib fait face au pasteur Toby, l’une des stars des talk-shows évangélistes salvadoriens. Le maire de San Salvador attaque sur tous les fronts. Il dit que le Salvador est un arbre qui n’a jusqu’alors donné que de mauvais fruits, et qu’il n’y a qu’une solution: couper le tronc et replanter. Autour de la table, la discussion tourne vite autour de l’avenir de “ce pays où l’on peut petit-déjeuner à la plage, manger dans la montagne et sortir le soir en ville”, vante Ernesto Castro. Ce pays, aussi, où l’on meurt beaucoup plus vite qu’ailleurs.

Society #47

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Photos: Emmanuel Serna pour Society

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De la cavale d'Edward Snowden, de ses révélations dans une chambre d'hôtel à Hong Kong, puis de sa fuite à Moscou, on pensait tout connaître. Restait un chapitre méconnu, aujourd'hui révélé: avant son départ en Russie, alors qu'il était l'homme le plus recherché de la planète, l'ancien agent de la NSA s'est planqué plusieurs jours dans des barres HLM surpeuplées de Hong Kong, chez des anonymes.

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