Égypte

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Au début des années 2000, le blogging rencontre un succès fulgurant en Égypte, offrant à certains citoyens, comme Mohamed “Oxygen”, un espace de liberté de parole. Un temps l'instigatrice d'une révolte populaire qui s'est déplacée dans la rue, jusqu'à pousser le président Hosni Moubarak à la démission, la blogosphère égyptienne n'est désormais plus qu'un fantôme, quand elle n'est pas durement réprimée. Que s'est-il passé?
  • Par Amelia Dollah, pour Mohamed “Oxygen”
  • 11 min.
  • Enquête
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DR

La bande gauche de la page d’accueil ressemble à une étagère de vieux trophées. Des logos de médias et d’ONG illustrent les divers prix remportés par Wael Abbas lorsqu’il était encore une figure de la blogosphère politique égyptienne, considérée comme l’une des plus prolifiques du monde arabe entre 2000 et 2010. “Personne la plus influente 2006” décerné par la BBC, “Personne de l’année du Moyen-Orient 2007” par CNN, “Hellman/Hammett Award 2008” de l’organisation Human Rights Watch, ou encore “Classement Forbes des personnalités arabes présentes sur Twitter en 2011”, dont le lien hypertexte renvoie vers une erreur 404. La dernière entrée de son blog Misr Digital date du 13 mars 2018, à 10h39. Depuis, plus rien. Autrefois réputé pour ses textes au vitriol sur le monde politique et pour ses révélations de cas de torture, Wael Abbas préfère faire profil bas depuis son arrestation en 2018 pour “publication de fausses informations” et “appel à des actions terroristes”. “Puisque je ne peux plus attaquer directement le président ou son régime, j’essaie d’utiliser des exemples sans être trop flagrant. J’ai peur pour ma famille, alors c’est plus sûr. Mais je n’ai pas autant de succès qu’avant, malheureusement”, reconnaît le Cairote de 49 ans, qui assure avoir attiré 500 000 visiteurs en quelques jours sur son site à l’âge d’or de la blogosphère. Aujourd’hui, il a entièrement migré sur Facebook et Twitter –où il compte plus de 310 000 followers–, ainsi que sur YouTube, où il partage désormais avec près de 35 000 abonnés ses analyses sur l’histoire du monde ou des récits sur des dictateurs déchus. Des allégories cachées du sort de l’Égypte, qui avait touché du doigt la démocratie lors de la révolution de 2011 avant de devenir, dix ans plus tard, un régime capable de condamner des tiktokeuses à plusieurs années de prison pour “incitation à la débauche” parce qu’elles dansaient à l’écran.

Reporters sans frontières

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