Nouveau monde

Petites Électrocutions entre amis

Dans l'obscurité des cantinas, dans la rue ou dans l'intimité du domicile familial, le Mexique raffole d'une pratique méconnue: être électrocuté(e) volontairement, et payer pour ça. Pourquoi donc? On est allé essayer.
Deux câbles avec des embouts noirs se touchent presque, et une étincelle bleue est visible entre eux, suggérant un transfert d'électricité.

Un cliquetis métallique se distingue, au milieu des envahissantes stimulations sonores de la place Garibaldi, dans le centre de Mexico. Un bruit hypnotisant, qui trace sa route entre les piaillements de canaris prédisant l’avenir et les chants des mariachis qui pleurent un amour impossible. Bientôt, on n’entend plus que lui et le cri nasillard qui l’accompagne: “Toques, toooooqueeees!” En terrasse de la cantina Tenampa, Máximo, 50 ans, tient dans ses mains une petite caisse à l’esthétique rétro, comme un mini-jukebox, d’un rouge et d’un bleu étincelants. Un curseur affiche des mesures allant jusqu’à 100, avec des couleurs qui semblent avertir d’un danger. À partir de 80, c’est rouge. “Toques, toooooqueeees!” reprend-il, avant de dévoiler les deux tubes en fer qui cliquetaient il y a un instant: deux poignées reliées à sa boîte, autour desquelles se forme un cercle de six personnes. Les mains se lient au-dessus des verres de mezcal. “Il faut se détendre, laisser passer le courant. Ne pas serrer. Ne pas réfléchir. Respirer profondément”, énumère Marina. Ces sages recommandations n’y font rien. Les dents grincent, les doigts se crispent, les avant-bras commencent à se tendre. Comme un début de crampe. Máximo fixe tour à tour les visages et pivote lentement le curseur, jusqu’à ce que l’un des participants rompe le cercle en criant et en secouant les bras.

Society #227

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