OUEST TERNE

Pour l’honneur des Bundy

Troupeaux de vaches, guet-apens, prison, miliciens et soleil écrasant. Dans l'aridité du Nevada, la famille Bundy est devenue ces dernières années le symbole de la lutte d'une certaine Amérique contre l'État fédéral. Comme un western que l'on croirait sorti de la conquête de l'Ouest, mais qui se joue en 2016. Et sans happy end garanti.
  • Par Raphaël Malkin
  • 19 min.
  • Reportage
Un panneau en bois peint aux couleurs du drapeau américain avec les mots "Thanks God" et "God Help the Bundys" est planté dans un paysage désertique.
PHOTOS: STACY KRANITZ POUR SOCIETY

La gymnastique est classique: pour convertir les degrés Fahrenheit utilisés outre-Atlantique en leurs cousins Celsius pratiqués en Europe, il faut effectuer une soustraction de 32 points puis une division par 1,8. Ainsi, le chiffre “142” affiché en pointillés rouges sur le compteur de cette grosse voiture tout-terrain immatriculée dans le Nevada doit se lire comme ceci: 61 degrés Celsius. Il fait chaud, donc. Et sec, aussi. En vrai, ici, l’air n’est rien d’autre qu’une toile épaisse capable d’étouffer illico quiconque déciderait de s’aventurer loin de l’ombre ou d’un climatiseur. À croire alors qu’Arden Bundy est immortel. S’échappant de son 4×4 rafraîchi par l’air conditionné, le jeune homme plonge la tête la première dans la chaleur sans la moindre difficulté. Sous son large chapeau à bord retroussé, il sourit. “C’est comme un ours polaire, mâchouille-t-il. Là-bas, en Antarctique, il gèle, mais l’ours est habitué. Eh ben moi, c’est pareil. Je suis l’ours du désert.
Ce qui ne l’empêche pas de goutter pour autant. Arden Bundy ôte son couvre-chef, essuie d’un revers de manche la sueur qui perle sur le haut de son front. Puis il réajuste son jean taché de poussière, tenu par une grosse boucle de ceinture sur laquelle est plastronné un fier: “All cowboy around”. Et reprend: “Je suis né ici et je peux vous dire que c’est un endroit magnifique. Vous ne me ferez partir pour rien au monde.” Devant lui s’étend un paysage de rien, ou presque. Une terre du milieu faite de collines, sur lesquelles seule la pierre semble bien vouloir pousser.

Society #43

Une personne à cheval se tient devant un groupe aligné de policiers en tenue anti-émeute dans un paysage désertique.
Photos: Zen Lefort pour Society

« Nous devons couper la tête du serpent noir »

Lakotas, Cherokees, Apaches, Iroquois, Comanches. En quelques mois, ils sont des centaines à s'être mis en route pour rejoindre Standing Rock, au beau milieu du Dakota du Nord, pour former ce qui est devenu le plus gros rassemble d'Amérindiens depuis les manifestations de Wounded Knee en 1973. Au cœur de leur combat: empêcher qu'un pipeline ne dénature leurs terres sacrées. Et, plus largement, "ouvrir les yeux" de l'Amérique blanche sur leur funeste sort.
Des hommes enveloppés dans des couvertures en Mylar dorment sur le sol et les bancs en béton. Un homme boit de l'eau directement d'un bidon, partagé par de nombreux détenus.
Dr

Dans l’enfer des glacières

Les migrants venus du Mexique les connaissent sous le nom de hieleras, les glacières. En Arizona, du côté américain de la frontière, la police entasse dans des centres de détention frigorifiés des centaines d'hommes, femmes et enfants dont le seul crime est d'être entrés illégalement aux États-Unis. Prévues pour être provisoires, les hieleras sont, en réalité, le plus souvent de véritables prisons. Jusqu'à quand?
Illustration pour Les soldats oubliés
Mario Rodriguez, expulsé en 2005.Photos: Robert Benson pour Society

Les soldats oubliés

Ils ont servi l'armée américaine et l'Amérique leur avait promis leur naturalisation en retour. Mais pour des milliers de soldats immigrés, le rêve a tourné au cauchemar: la nationalité américaine n'est jamais arrivée, et au moindre accroc avec la justice, ils ont été expulsés dans le pays d'origine de leur famille. Reportage au Mexique, à Tijuana, où, à proximité de la frontière, des dizaines de banished veterans survivent tant bien que mal.
Illustration pour Certains late show

Certains late show

La télé américaine ne serait pas ce qu'elle est sans les late shows, émissions nocturnes et humoristiques où vedettes hollywoodiennes, pop stars et politiciens de premier rang se précipitent pour étaler leur “coolitude”. Et ça marche: plus populaires que jamais, ces shows influencent considérablement la conscience politique des 18-24 ans. En pleine course présidentielle américaine, plongée dans les coulisses de la télé la plus puissante (et la plus drôle) du monde.

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