Reportage

Sur la route 90

Des plages de la mer Rouge à la frontière libanaise, la route 90 sillonne Israël et le territoire palestinien sur 500 kilomètres. Blocus des Houthis, Cisjordanie au bord de la révolte, affrontements avec le Hezbollah: un an après le 7-Octobre, la route est en proie aux incessantes répliques de la guerre à Gaza.
  • Par Théophile Simon
  • 20 min.
  • Reportage
Une route sinueuse traverse un paysage désertique et vallonné, avec quelques petites collines à l'horizon sous un ciel partiellement nuageux.
Photos : Théophile Simon pour Society

Km 0 

EILAT

La guerre à Gaza n’aura pas eu raison de la saison touristique d’Eilat, la station balnéaire située à l’extrême sud d’Israël. Ses immenses hôtels, dont les façades blanches toisent les flots bleus de la mer Rouge, ont affiché complet tout l’été. En cette fin août, plages, restaurants, bars et boîtes de nuit grouillent d’une foule hétéroclite. Le matin appartient aux retraités, le zénith aux familles, le crépuscule aux jeunes noctambules. La mélodie de l’hébreu domine sous les palmiers du front de mer. L’attaque terroriste du 7-Octobre et les représailles d’Israël, qui se succèdent depuis un an, ont vidé le Proche-Orient de ses touristes. Heureusement pour Eilat, elles ont aussi cloué au sol beaucoup de vacanciers israéliens. “L’étranger est devenu trop dangereux pour les Juifs à cause de la recrudescence de l’antisémitisme, estime David, un ingénieur venu de Tel-Aviv avec sa femme et ses deux enfants. Nous avons donc choisi de passer l’été en Israël.” Vue de leurs chaises longues léchées par les vaguelettes, la guerre à Gaza semble bien éloignée. Le déluge de violence est pourtant dans toutes les têtes. Le long de la plage, des grappes de vingtenaires bronzent d’un air soucieux. La plupart sont des soldats en permission, tout juste revenus de Gaza. “Les combats sont très impressionnants, nous sommes loin d’en avoir fini avec le Hamas. L’armée restera là-bas encore des mois, voire des années”, pronostique Itamar, 21 ans, membre de la brigade d’infanterie Golani. Avec trois membres de son unité, le jeune homme décompresse à l’aide d’une bouteille de vodka et de quelques grammes de “doktor”, un mélange de kétamine et d’héroïne.

Society #242

À lire aussi

Abonnez-vous à Society+ dès 4.90€

Des centaines de docus à streamer.
7 jours gratuits !