
C’est en une fraction de seconde, à 18h30, le vendredi 18 avril dernier, que Mitterrand a perdu son pénis. Pouf! Comme évaporé. Il ne voulait pas y croire, d’abord, mais il a bien senti cette décharge électrique dont il avait entendu parler à la radio un peu plus tôt dans la journée. Un spasme lui a traversé le corps, il en est sûr. Il a regardé son bas-ventre, a touché: non, vraiment, son pénis n’était plus là. Mitterrand a crié, a appelé sa femme, Espérance, à la rescousse, a crié encore: “On m’a volé mon sexe!” Deux semaines plus tard, début mai, assis sur un banc en bois au milieu des gravats qui jonchent la petite cour dans laquelle il habite avec son épouse et Mbacké, leur fils de 3 mois, Mitterrand a encore une moue gênée quand il en parle. Il dit que son sexe est revenu il y a huit jours, grâce à des prières en famille et avec les voisins du quartier. Mais il a le regard terne, la voix nasillarde. Il a toujours peur. De quoi? Lui-même ne sait pas trop. “Je suis bien conscient que c’est difficile à prouver, cette histoire, mais c’est bien arrivé. Je l’ai sentie, la décharge”, dit cet étudiant en licence de droit. “Et si je n’arrive plus à avoir d’enfant?” Il se retourne vers sa femme, assise à quelques mètres sur une natte, qui n’en mène pas large non plus.