“On m’a volé mon sexe” | Society
Reportage

“On m'a volé mon sexe”

Une étrange épidémie frappe le Tchad depuis mars dernier: des sexes disparaissent. Puis les lynchages commencent. Les victimes, et les victimes des victimes, racontent.
  • Par Amaury Hauchard, à N'Djamena
  • 14 min.
  • Reportage
Un homme est assis sur une moto devant un mur en briques. Il porte un maillot jaune et un pantalon bleu. À côté, des vêtements sont suspendus sur une corde à linge.

C’est en une fraction de seconde, à 18h30, le vendredi 18 avril dernier, que Mitterrand a perdu son pénis. Pouf! Comme évaporé. Il ne voulait pas y croire, d’abord, mais il a bien senti cette décharge électrique dont il avait entendu parler à la radio un peu plus tôt dans la journée. Un spasme lui a traversé le corps, il en est sûr. Il a regardé son bas-ventre, a touché: non, vraiment, son pénis n’était plus là. Mitterrand a crié, a appelé sa femme, Espérance, à la rescousse, a crié encore: “On m’a volé mon sexe!” Deux semaines plus tard, début mai, assis sur un banc en bois au milieu des gravats qui jonchent la petite cour dans laquelle il habite avec son épouse et Mbacké, leur fils de 3 mois, Mitterrand a encore une moue gênée quand il en parle. Il dit que son sexe est revenu il y a huit jours, grâce à des prières en famille et avec les voisins du quartier. Mais il a le regard terne, la voix nasillarde. Il a toujours peur. De quoi? Lui-même ne sait pas trop. “Je suis bien conscient que c’est difficile à prouver, cette histoire, mais c’est bien arrivé. Je l’ai sentie, la décharge”, dit cet étudiant en licence de droit. “Et si je n’arrive plus à avoir d’enfant?” Il se retourne vers sa femme, assise à quelques mètres sur une natte, qui n’en mène pas large non plus.

Society #260

Illustration pour “Je ne devrais pas le dire, mais j’en ai un peu marre de bouffer”
Photos : Aliocha Boi pour Society

“Je ne devrais pas le dire, mais j'en ai un peu marre de bouffer”

Va-t-on continuer encore longtemps à mettre du zaatar partout? Qu’est ce qui va remplacer la mode du bánh mì? Top Chef rend-il ses lauréats fous? Les grands chefs sont-ils aussi méchants qu’on le croit? À toutes ces questions, François-Régis Gaudry, l’homme qui incarne le mieux la folie fooding qui déferle sur la France depuis quinze ans, a des réponses.

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