
C’était il y a deux ans pile. Après la mort en prison en septembre 2022 de Mahsa Amini, arrêtée par la police des mœurs iranienne pour “port de vêtements inappropriés”, de nombreux Iraniens se mobilisaient pour les droits des femmes. Des hommes et des femmes issus d’une nouvelle génération, essentiellement urbaine, connectée au monde grâce aux réseaux sociaux, qui a commencé par s’opposer au conservatisme au sein du foyer mais qui veut maintenant être libre partout.
Née à Téhéran en 1989, Forough Alaei est un peu plus âgée. La photographe, qui a commencé à publier en 2015, s’est notamment fait connaître pour son travail sur les supportrices de football contraintes de se travestir en hommes pour assister aux matchs. “Les changements ont commencé avec ma génération, confie-t-elle, mais la génération Z, qui mène aujourd’hui le changement social, est plus déterminée et plus courageuse que la mienne.” Danseuse ou gérante de restaurant, pilote de moto, mécanicienne automobile ou cascadeuse: Forough Alaei a arpenté les rues iraniennes et contacté des personnes sur Instagram pour documenter cette génération spontanée, née dans un pays où 60% de la population a moins de 35 ans. “Dans une société conservatrice comme l’Iran, les gens n’aiment pas beaucoup être pris en photo, notamment pour des questions de sécurité, explique-t-elle. J’ai pris beaucoup de temps pour les convaincre et gagner leur confiance.” À l’arrivée, les jeunes femmes photographiées incarnent chacune à leur manière le slogan “Femme, vie, liberté”.
