C’est Bratz | Society
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C'est Bratz

Alors que le rouleau compresseur Barbie déferle dans les salles de cinéma cet été, retour sur l'aventure Bratz, ces poupées concurrentes et plus modernes qui, au détour des années 2000, faillirent faire vaciller l'empire Mattel. Et qui ont fini par remporter la bataille culturelle.
  • Par Grégoire Belhoste
  • 11 min.
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Trois poupées stylisées avec des vêtements à la mode, chacune portant des tenues de couleurs différentes, posent ensemble.

C’est un lycée comme il en existe tant d’autres en Amérique. Un monde de pelouses interminables, de casiers jaunes et de réputations qui se font et se défont sous les stroboscopes du bal de promo. Chaque année, la Kickapoo High School accueille dans le Missouri des milliers d’étudiants plus ou moins stylés. Un bellâtre nommé Brad Pitt y fit sensation à la fin des années 1970 avec son menton carré et sa crinière blonde. Vingt ans plus tard, une poignée de lycéennes ont à leur tour apporté une touche de glamour à l’histoire du lieu, sans même le savoir. Tout s’est déroulé un jour de 1998, lorsque le designer Carter Bryant a croisé leur chemin sur le campus. À l’époque, Bryant a presque 30 ans et vient de quitter son job chez Mattel, la société qui détient Barbie, le temps de faire un break chez ses parents. Le jeune homme aime dessiner, de préférence des silhouettes de poupées. Alors qu’il roule en direction du domicile familial, il tombe sur une bande de filles papotant devant le lycée. Leurs baggys sont amples, leurs hauts s’arrêtent juste au-dessus du nombril: elles sont le parfait reflet de leur génération, avec ce côté à la fois débraillé et provocant. De retour chez lui, le dessinateur griffonne ce qu’il vient de voir sur son calepin et quatre filles naissent sous la mine de son crayon. Elles ont du style et du caractère. Leur profil se précise lors des semaines suivantes, sous l’effet d’autres inspirations, comme une pub pour la marque de chaussures Steve Madden ou un cliché du groupe country Dixie Chicks. Bryant aime représenter ses créatures avec les mains sur les hanches, afin de leur donner un air de défiance. Sa bande de copines n’existe qu’en croquis, mais le désigner leur a déjà trouvé un nom: Bratz, “morveuses”. “Je me suis rendu compte qu’à l’époque, personne ne représentait vraiment les adolescentes, pas même Barbie, se rappelle-t-il aujourd’hui. Il manquait quelque chose dans le monde des poupées.” Les Bratz viendront combler ce vide avec succès.

Society #210

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