
Il pleut à verse lorsque Grégoire et sa meilleure amie coupent le moteur de la Clio. Les deux viennent d’enquiller cinq heures de route depuis Toulouse après un week-end entre copains et passent la nuit chez la jeune femme à Saint-Julien-Molin-Molette, un village au sud du parc naturel régional du Pilat. Ils restent un moment dans la voiture. À la radio, Emmanuel Macron vient d’annoncer la dissolution de l’Assemblée nationale. L’atmosphère dans l’habitacle est à l’image de l’orage qui gronde dehors. “Ça a été une grosse claque, replace Grégoire. Macron s’est dit: ‘Le bateau coule, on va couler avec moi.’ Au lieu de se remettre en question, il a décidé de jouer au poker avec nos vies. Et pour moi, en tant que personne gay, c’est très concret.” Avant d’ouvrir enfin la portière, le comédien-chanteur, qui avait voté pour Macron “avec les yeux et les mains qui saignent” chaque fois qu’il avait fallu faire barrage, prend trois décisions. La première: il ne participera pas à la cousinade qui réunira prochainement sa famille, dont une partie est “facho” -il enverra dès le lendemain un long e-mail expliquant les raisons de son absence et détaillant “très concrètement les conséquences pour [lui], pour les filles de la famille, les enfants, l’avenir de la planète” si le RN prenait le pouvoir. La deuxième: “Il va falloir lutter. ” Puis une dernière, la plus urgente: “Se faire du bien” en profitant d’une soirée à deux, rattraper l’épisode précédent de Drag Race avec des lasagnes et du vin rouge. “Beaucoup de vin rouge.”
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