Enquête

Tinder Délice

Success story? Phénomène de société? Sitcom? Ou tout cela à la fois? Comme il y a eu Facebook, il y a désormais Tinder. Une petite start-up californienne fondée par de jeunes nerds ambitieux qui se targue d’avoir changé le jeu de la séduction au niveau mondial, et qui pèserait plusieurs milliards de dollars. Mais qui, comme toute saga, comporte aussi sa part d’ombre: cadavres dans le placard, guerres d’ego, couples qui se brisent. Enquête.
  • Par Marc Hervez et Raphaël Malkin
  • 26 min.
  • Enquête
Un téléphone affiche une application ressemblant à Tinder, avec deux flux sortant de l'écran : à gauche, une substance verte et visqueuse, et à droite, une multitude de cœurs roses.
Illustration: Kelsey Dake

Elle est assise dans le lobby d’un grand hôtel londonien, en escale. La veille, elle était à Courchevel. Demain, ce sera Dallas. Dans la foulée, son agenda la mènera à New York. Pas pour longtemps, car très vite, elle devra mettre le cap sur Austin. Avant de repartir. À bientôt 25 ans, Whitney Wolfe, longue chevelure blonde et sourire positif, a déjà les villes et l’emploi du temps d’une femme qui a réussi. Ce qu’elle est. Depuis décembre dernier, cette jeune Texane dirige –sa carte de visite annonce qu’elle en est la “CEO”– sa propre start-up, Bumble. Une application de rencontres amoureuses dont la particularité réside dans le fait que ce sont les femmes, et exclusivement elles, qui font le premier pas. Trois mois après son lancement, Bumble compte déjà près de 100 000 utilisateurs, “des étudiants et des jeunes entrepreneurs” tous “cools, classes, très funs”, dit sa créatrice.

C’est bien, mais à l’entendre, ce n’est surtout qu’un début. Car Whitney Wolfe connaît le love game. Il y a quelques mois, la jeune entrepreneuse faisait partie de la bande de pionniers qui ont lancé Tinder, l’application de rencontres géolocalisées et aléatoires “qui a changé le monde”, comme le résume modestement Sean Rad, son fondateur. Du côté de Tinder, les choses ont mal tourné pour Whitney et cette dernière a finalement quitté l’entreprise –avec un gentleman agreement à sept chiffres dans la poche, tout de même. Aujourd’hui, elle se défend de vouloir prendre sa revanche sur ses anciens camarades, mais ne part pas battue d’avance non plus. “Ce n’est pas parce qu’un restaurant ouvre en face d’un autre qu’ils sont concurrents, les gens vont aux deux”, dit-elle fièrement. Pourtant, dans la maison d’en face, c’est à peine si l’on regarde cette nouvelle échoppe. Bumble? “À chaque nouvelle application de rencontres qui se crée, les gens disent: ‘C’est comme Tinder, mais avec telle ou telle variante.’ De fait, Tinder est la référence”, expédie Sean Rad.

Society #1

Illustration pour Come to (Sugar) Daddy
Photos: Annie Tritt pour Society

Come to (Sugar) Daddy

Proxénète ou simple businessman? Brandon Wade est à la tête du site de rencontres le plus scandaleux du moment. Convaincu que le moyen le plus sûr de séduire est encore d’en avoir dans le portefeuille, il a créé en 2006 Seeking Arrangement, un site mettant en relation des hommes fortunés (sugar daddies) et des femmes démunies et souvent beaucoup plus jeunes (sugar babies). Ils sont aujourd’hui plus de deux millions à s’adonner à ces petits arrangements entre “amis”. Et Brandon a, enfin, une vie sexuelle épanouie.
Illustration pour Business classe
Karwai Tang/WireImage

Business classe

C’était écrit. Raillée pour ses piètres talents de chanteuse, moquée pour ses extravagances vestimentaires, cantonnée dans un rôle de femme bafouée et de mère de famille nombreuse, Victoria Beckham devait finir en desperate housewife sous Tranxène. Mais elle a refusé ce rôle-là. En quelques années, l’Anglaise a monté une marque de mode qui cartonne. Elle a même été élue entrepreneur de l’année outre-Manche en 2014. La revanche est un plat qui se mange cold.
Une main tient une allumette allumée, et la fumée qui s'en échappe forme le visage d'une personne.
Illustration: Charlotte Delarue pour Society

L’art et le pyromane

En entrant dans une maison où il est venu voler de la viande pour nourrir sa famille, un homme se blesse. De peur que son sang ne révèle son ADN, il décide de mettre le feu. Manque de chance, il y a, dans cette demeure, un Braque et un Picasso, qui partent en fumée. L’homme écope de cinq ans de prison. Voilà comment l’histoire est contée en ce début d’année. C’était évidemment un peu plus compliqué… Enquête.
Illustration pour “Cela n’a pas besoin d’être propre”

“Cela n’a pas besoin d’être propre”

Incluses dans le dossier judiciaire, les conversations entre Dread Pirate Roberts et le “membre des Hell’s Angels” Redandwhite, retrouvées sur le PC de Ross Ulbricht, oscillent entre la négociation commerciale, le tutoriel d’utilisation de Tor et d’interminables palabres sur la façon de traiter les gêneurs. Dans cet extrait, DPR et R&W discutent du sort de FriendlyChemist, fournisseur d’un dealer de Silk Road qui fait chanter Ross et menace l’anonymat de milliers d’utilisateurs du site.

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