
Elle est assise dans le lobby d’un grand hôtel londonien, en escale. La veille, elle était à Courchevel. Demain, ce sera Dallas. Dans la foulée, son agenda la mènera à New York. Pas pour longtemps, car très vite, elle devra mettre le cap sur Austin. Avant de repartir. À bientôt 25 ans, Whitney Wolfe, longue chevelure blonde et sourire positif, a déjà les villes et l’emploi du temps d’une femme qui a réussi. Ce qu’elle est. Depuis décembre dernier, cette jeune Texane dirige –sa carte de visite annonce qu’elle en est la “CEO”– sa propre start-up, Bumble. Une application de rencontres amoureuses dont la particularité réside dans le fait que ce sont les femmes, et exclusivement elles, qui font le premier pas. Trois mois après son lancement, Bumble compte déjà près de 100 000 utilisateurs, “des étudiants et des jeunes entrepreneurs” tous “cools, classes, très funs”, dit sa créatrice.
C’est bien, mais à l’entendre, ce n’est surtout qu’un début. Car Whitney Wolfe connaît le love game. Il y a quelques mois, la jeune entrepreneuse faisait partie de la bande de pionniers qui ont lancé Tinder, l’application de rencontres géolocalisées et aléatoires “qui a changé le monde”, comme le résume modestement Sean Rad, son fondateur. Du côté de Tinder, les choses ont mal tourné pour Whitney et cette dernière a finalement quitté l’entreprise –avec un gentleman agreement à sept chiffres dans la poche, tout de même. Aujourd’hui, elle se défend de vouloir prendre sa revanche sur ses anciens camarades, mais ne part pas battue d’avance non plus. “Ce n’est pas parce qu’un restaurant ouvre en face d’un autre qu’ils sont concurrents, les gens vont aux deux”, dit-elle fièrement. Pourtant, dans la maison d’en face, c’est à peine si l’on regarde cette nouvelle échoppe. Bumble? “À chaque nouvelle application de rencontres qui se crée, les gens disent: ‘C’est comme Tinder, mais avec telle ou telle variante.’ De fait, Tinder est la référence”, expédie Sean Rad.