
“Du beurre et trois trombones?” C’est la panique au premier étage de l’immeuble de verre qui abrite les studios de D8, D17 et i-Télé, rue des Enfants-du-Paradis, à Boulogne-Billancourt. À quelques minutes de la prise d’antenne, Sacha Baron Cohen, invité de Touche pas à mon poste, vient de débouler à l’américaine: bardé d’assistants et d’attachés de presse, MacBook ouvert à la main. Vêtu d’un maillot du PSG, d’un pantacourt et de chaussettes blanches glissées dans des sandales, l’homme derrière Borat est venu, comme à son habitude, défendre son prochain film dans la peau de son personnage, un prolétaire du nord de l’Angleterre. Pour l’occasion, pas question de laisser la moindre place au hasard, toute son intervention dans TPMP a été écrite à l’avance et transmise aux interprètes. Pourtant, personne ne s’attendait à devoir dénicher beurre et trombones. “C’est grave si le beurre est périmé?” s’inquiète une régisseuse. Les couloirs exigus de D8 ressemblent à une fourmilière, où le stress des ouvriers du petit écran contraste avec la détente des chroniqueurs de l’émission. Dans l’espace maquillage, Énora Malagré envoie du “sur la Torah” à Valérie Benaïm pendant que Christophe Carrière, chef de la rubrique cinéma de L’Express, lui montre le SMS qu’il a reçu dans la journée. “Il t’a demandé de te raser avant l’émission? C’est vraiment ton père”, s’esclaffe la Bretonne. L’auteur du texto, lui, est dans sa loge personnelle. Entre une borne Playstation 3, une photo encadrée de lui-même jouant au tennis et un mini-frigo, Cyril Hanouna s’enfonce dans son fauteuil de coiffure en cuir noir.
Loin de l’agitation ambiante et de son image publique de pile électrique, l’animateur-producteur, également présent sur Europe 1 tous les après-midi, semble presque calme. Pendant une heure, seuls des yeux fatigués régulièrement dirigés vers son smartphone trahissent l’hyperactivité de celui que l’on surnomme Baba. L’autoproclamé “malade des chiffres” aime suivre en direct, sur son petit écran, les courbes d’audience de toutes les émissions de H2O, sa boîte de production. Et en ce moment, les chiffres sont bons, très bons. Touche pas à mon poste, son émission phare diffusée à l’heure de l’apéritif et du dîner sur D8 depuis 2012, flirte avec les deux millions de téléspectateurs en moyenne et les 8% de part de marché. Sur la saison 2014/15, H2O a totalisé 870 heures et 28 minutes de programmes diffusés, confortant sa place de leader français du marché. Une hégémonie qui ne risque pas de prendre fin prochainement puisque Vincent Bolloré, patron du groupe Canal+, a signé en septembre dernier un contrat de cinq ans pour 50 millions d’euros annuels avec la société d’Hanouna, qui auparavant n’en touchait “que” 19. Ara Aprikian, qui a fait venir Hanouna et son émission sur D8 à la création de la chaîne en 2012, confirme: “C’est un succès économique indéniable. Il n’y a pas une personne dans le PAF avec qui vous discutez cinq minutes et qui ne vous parle pas de lui. Et comme pour tous les succès, cela amène des jalousies.”

Des jalousies, ou simplement des critiques. L’année 2016 a commencé sur les chapeaux de roue avec une première attaque hors PAF: “Aujourd’hui, et ce, depuis la gauche, on nous présente des modèles tragiques qui font rêver les jeunes: Bernard Tapie, la Rolex, la Ferrari, Cyril Hanouna, un joueur de foot qui donne des coups de boule, etc. Alors qu’il y a 60 ans ou plus, un jeune rêvait d’être médecin, avocat ou professeur d’université, Jean-Paul Sartre ou Maurice Chevalier, balance Michel Onfray dans le Figaro Magazine. Vouloir ressembler à Serge Reggiani ou à Yves Montand, c’est tout de même moins déshonorant que vouloir ressembler à Cyril Hanouna! Il est donc logique que de nos jours, la kalachnikov devienne le rêve ultime.” Une saillie transformée, dans les titres des sites web, en “Onfray accuse Hanouna d’encourager la montée du djihadisme”. En direct sur D8, Hanouna traite le philosophe “d’islamophobe notoire”, Gilles Verdez brandit un sac-poubelle en piaillant qu’il y a mis les “dernières pensées de Michel Onfray” et les “fanzouzes” –surnom des fans de TPMP– créent sur Twitter le mot-dièse #BabaPlusFraisQuOnfray. “Si j’avais effectivement dit qu’il encourageait le djihadisme, je comprendrais qu’il réagisse comme ça, commente aujourd’hui le philosophe. Mais ce que je dénonce, c’est un système. Si Hanouna n’était pas là, quelqu’un d’autre ferait la même chose à sa place. Je m’attaque à la maladie, pas aux symptômes.” Bruno Donnet, chroniqueur dans L’Instant M, l’émission média de France Inter, pourrait dire la même chose. Évoquant, le 1er février, une scène de TPMP dans laquelle Matthieu Delormeau, souffre-douleur pour de rire de la petite bande d’Hanouna, se faisait verser une assiette de nouilles dans le slip, celui-ci affirmait avoir vu ici une chose “sans précédent dans l’histoire de l’abjection à la télévision”. Il dénonçait également la “normalisation de l’humiliation”. Dix jours plus tard, la couverture de Charlie Hebdo représentait un Cyril Hanouna en moustique suçant le cerveau d’ados décérébrés, accompagné du titre: “Pire que Zika. Hanouna, le virus qui rend con.”
Depuis sa loge, la cible de toutes ces attaques hausse les épaules. “Chaque saison, on a une petite vague de critiques, dédramatise-t-il. C’est bien que l’on parle de TPMP, ça veut dire qu’il n’y a pas d’actualité tragique à côté. C’est une bonne nouvelle pour la société française.” Même pas mal. Si la une de Charlie Hebdo l’a “fait marrer, parce que ce sont des humoristes, ils ont le droit de nous taper dessus”, le reste ne vient pour lui que de gens qui ne comprennent rien à son art. “Le gars de France Inter (il ne citera presque jamais le nom de Bruno Donnet, ndlr), j’ai envie un jour de le mettre en régie et de lui dire: ‘Regarde l’émission, essaie de la comprendre et après tu pourras faire un billet.’ Je suis persuadé que ces mecs n’ont vu que des extraits, ils ne seraient pas capables de donner le nom d’une rubrique ou d’un chroniqueur.” Pourquoi, alors, ces “mecs” s’en prennent-ils à son programme? “TPMP est l’émission qui a la plus grosse communauté derrière elle sur les réseaux sociaux, donc forcément, il y a beaucoup de gens qui s’en servent pour faire parler d’eux”, juge Cyril. Lorsque l’humoriste Pierre-Emmanuel Barré lui avait mis une bastos sur Twitter, Hanouna avait déjà joué sur ce registre. “Si tu vas dans la rue et que tu parles de Pierre-Emmanuel Barré, je pense que personne ne sait de qui il s’agit. Je mets en doute la sincérité de ces types-là”, lance l’animateur star, pour qui la crédibilité viendrait donc seulement de la célébrité. En vrai, pour Hanouna comme pour sa bande, s’en prendre à Touche pas à mon poste, c’est quelque part s’en prendre au peuple. “TPMP est le talk-show numéro un en France, et je ne crois pas que les téléspectateurs soient des débiles, désolé, dit le chef. Ceux qui les prennent pour des débiles devraient se regarder dans le miroir et se dire que ce sont peut-être eux qui sont déconnectés de la réalité.” Hanouna, populaire ou populiste? La question se pose. “TPMP représente une culture populaire, il ne faut pas prendre une posture d’intellectuel pour en parler alors que les gens regardent pour se détendre, tranche Gilles Verdez, dans l’émission depuis 2013. Attaquer une émission populaire, c’est un mépris du peuple. Et entre le peuple et les élites, je choisis toujours le peuple.”
Nudité facile et traversée du désert
Animateur, producteur, idole des “fanzouzes”, ennemi des élites et, donc, petit père des peuples… Pour en arriver là, Cyril Hanouna a connu un sacré chemin de croix. Fils d’un médecin généraliste et d’une commerçante, élevé aux Lilas, en Seine-Saint-Denis, il met un premier pied dans le monde de la télévision en 1997, à 22 ans. Profitant de la convention de stage offerte par son école d’expert-comptable, il déboule dans les bureaux de la toute nouvelle chaîne câblée Comédie! créée par Dominique Farrugia. Son job? Rédiger les bandes-annonces des émissions. La plus importante s’appelle La Grosse Émission, remake franchouillard du Saturday Night Live, diffusée tous les jours sur le coup de 19h. “Il s’arrangeait toujours, au moment des répétitions, pour voir s’il n’y avait pas besoin d’un gars qui sort d’une poubelle ou qui se prend une baffe dans un sketch, se souvient Olivier Abid, ancien producteur du programme. Il était toujours là quand on avait besoin de quelqu’un, comme par hasard.” Il faut dire que la chaîne, avec ses budgets au rabais, n’hésite pas à mettre en scène le régisseur, le perchiste ou le dernier stagiaire arrivé. “Une fois, je m’étais déguisé en verge, Cyril en vulve, et il y avait une sorte d’évidence à ce qu’il joue la vulve parce qu’il a ce côté garnison poilue, rembobine l’humoriste Jonathan Lambert. J’ai des flashs de moments gênants, soit parce que ce n’était pas drôle, soit parce que nos costumes étaient ridicules.” Un registre potache dont Cyril va se faire une spécialité, allant jusqu’à débouler nu comme un ver dans le Shopi de la rue Pierre-Demours, à quelques mètres du théâtre où se tourne La Grosse Émission. “Quand on était cramés de fatigue, c’était la roue de secours: on montrait notre cul, on mettait une perruque, ou les deux”, confesse Lambert.
“TPMP est le talk-show numéro un en France, et je ne crois pas que les téléspectateurs soient des débiles, désolé. Ceux qui les prennent pour des débiles sont déconnectés de la réalité.”
Cyril Hanouna
En 2003, Hanouna prend donc naturellement la succession de Michaël Youn, maître dans l’effeuillage télévisuel, à la présentation du Morning Live sur M6. Il en profite aussi pour quitter le domicile familial, à l’âge de 30 ans. Même s’il bat fort des ailes, l’envol est rapidement suivi d’un atterrissage en douleur. D’abord lorsque Cyril se pète le nez sur une chute en plein sketch, puis surtout quand l’émission s’arrête au bout de six mois seulement, faute d’audience. Au chômage, Hanouna reçoit de sa mère 200 euros d’argent de poche par semaine, revend son 4×4, et ingurgite des chips et du Coca toute la journée en attendant que le téléphone sonne. En psychologie, on appellerait cela une mini-dépression ; en télévision, c’est une “traversée du désert”. La Vie est une fête, Hanouna plage, Le Gros Direct, La Porte ouverte à toutes les fenêtres et même Fa si la chanter: les échecs s’accumulent. Il faudra un flash nocturne pour redonner la foi à Cyril Hanouna. Un dimanche matin, comme une évidence, il se réveille avec le titre de sa prochaine émission, Touche pas à mon poste, en référence au slogan de SOS Racisme. Le concept? Un programme de débat sur l’univers de la télé avec une bonne dose de divertissement pour faire passer le tout.
Et pourquoi ne pas envoyer un chroniqueur dans l’espace?
On sait maintenant à quoi servent le beurre et les trombones. Alors que son passage à l’antenne semble terminé, Sacha Baron Cohen sort une paire de menottes avec laquelle il s’attache à la main droite de Cyril Hanouna. Invoquant une technique apprise auprès des forces spéciales britanniques sur le tournage de son dernier film, il tente de se libérer à l’aide des bouts de cuivre graissés à la margarine. Les minutes passent, la blague s’éternise. En régie, des regards interloqués commencent à se croiser. Baron Cohen est confus, s’excuse: il a vraiment perdu la clé. Nourdine Slimani, le producteur, compose le numéro du commissariat le plus proche sur son smartphone. Personne. Invité lui aussi pour la promotion de son dernier film, La Vache, Jamel Debbouze s’impatiente. “Les gars, c’est le gag le plus long du monde.” Fou rire dans l’auditoire. “Mais je te jure que ce n’est pas un gag”, riposte Hanouna. Les minutes passent. “Putain mais vous pensez qu’il a vraiment perdu les clés?” entend-on en régie. “Ses gars disent que oui…” Baron Cohen est toujours là. Visiblement mal informé, ce dernier se demande pourquoi Jamel garde une main dans sa poche: “Qu’est-ce que tu caches, toi?” Malaise. Branché sur le canal 8 de son téléviseur, un voisin du studio a la bonne idée de ramener une pince coupante. On le fait entrer en plateau ; il scinde lui-même la paire de menottes. Il est presque 20h30. Sacha Baron Cohen fout en l’air le conducteur de l’émission depuis déjà une heure et demie quand il finit par quitter le studio. Jamel en profite pour faire entrer une vache, vieille phobie d’Hanouna, puis tout le reste de la ferme: coqs, poules, lapins, chèvres, dindons. Les séquences, les chroniques et les débats sur la télé ont sauté les uns après les autres. Pas grave. L’émission n’a de toute façon plus grand-chose à voir avec le talk-show créé en 2010 sur France 4.


Deux ans plus tard, TPMP était récupérée par D8, avec la volonté d’en faire un porte-étendard du “smartainment”, ce divertissement intelligent mêlant information, débats et déconne. En direct, l’émission est placée en quotidienne dans ce que la profession appelle l’access prime time, ce moment clé entre la fin de la journée et le début de la soirée, carrefour qu’emprunte régulièrement le téléspectateur à la sortie du travail ou de l’école, et dont raffolent les annonceurs publicitaires. “C’est une case très concurrentielle, donc on ne peut pas non plus faire une émission média classique”, décrypte Hanouna, soutenu par son pote de toujours et chroniqueur Jean-Luc Lemoine: “On n’a jamais eu la prétention de faire Apostrophes.” Philippe Vandel, journaliste à France Info, qui dit avoir été de moins en moins appelé parce qu’il ne voulait plus “se déguiser le soir en Britney Spears et interviewer Ségolène Royal le lendemain”, assure être déjà rentré chez lui en scooter “en ayant mal aux maxillaires à cause des fous rires”. Il rejoue l’une de ses premières participations à TPMP: “À un moment, on voit sur une image un mec qui se plante un clou dans les couilles en Inde. Jean-Michel Maire dit: ‘C’est classique, quand t’es en Inde, tu leur donnes un ou deux euros, ils le font.’ Je lui réponds: ‘Mais depuis quand, en vacances en Inde, tu vas donner deux euros à un type pour qu’il se plante un clou dans les couilles?’ Là, je comprends que ces types, au lieu de raconter des conneries au bistro, ils les racontent dans l’émission.” Selon Vandel, le boss lui-même ne s’en cache pas. “Cyril l’a déjà sorti à l’antenne: ‘S’il y avait des génies dans cette émission, ça se saurait.’ Ils m’ont chambré indéfiniment parce que sur Wikipédia, il est marqué que j’ai 130 de QI. Son truc, c’était: ‘Philippe, 130 de QI, c’est tout le reste de la bande… Regardez-moi ces tocards.’” Et rien n’est fait pour élever le niveau. “Un jour, j’ai entendu Cyril dire à Bertrand Chameroy d’un ton sérieux et agacé: ‘Arrête de parler d’Obama! Tout le monde s’en branle, personne ne le connaît. On l’encule Obama’”, se souvient un employé de H2O. Ce qui n’empêche pas Cyril Hanouna d’affirmer sans sourciller “que l’on apprend beaucoup de choses dans TPMP”.
À l’origine, l’objectif fixé par D8 était, paraît-il, le suivant: doubler le score de Jean-Marc Morandini qui enregistrait environ 250 000 téléspectateurs de moyenne sur l’ancêtre Direct 8. Philippe Vandel: “Un jour, Cyril dit: ‘Si on fait un million, on amène un animal sur le plateau.’” Objectif atteint avant même la fin de la première saison. “Du coup, on ramenait des animaux tout le temps.” Chacun a sa propre explication de cette réussite inattendue. “Cyril Hanouna a su casser les codes, esquisse Philippe Vandel. Quand un magnéto ne part pas, l’usage est de dire: ‘On a un petit souci technique.’ Cyril, lui, dit: ‘Putain ils foutent quoi en régie, ils se sont endormis?’ Et il va dans la régie. Il fait de chaque incident quelque chose.” Et de chaque chose un incident. Hanouna dicte ses exigences par téléphone lors de la réunion du matin, puis change cent fois d’avis dans la journée, avec des demandes parfois impossibles à satisfaire. Lesquelles sont compilées dans un groupe Facebook privé, animé par une cinquantaine de ses salariés, passés ou actuels. “Ça lui est déjà arrivé de demander au premier degré si on ne pouvait pas envoyer un chroniqueur dans l’espace, se plaint un assistant. Il voulait aussi atterrir en hélicoptère sur le toit de la tour TF1.” Un autre: “Une fois, il a eu l’idée à 15h de demander un ‘Kendji Bus’. Il fallait acheter un vieux camion, le découper pour en faire une scène mobile sur laquelle Kendji Girac devait jouer dans les rues de Boulogne-Billancourt, puis mettre en place tous les moyens techniques pour diffuser ça en direct dans l’émission. À une demi-heure de la prise d’antenne, un collègue essoufflé va voir Cyril: ‘C’était pas facile mais on a réussi.’ Et Cyril: ‘Non mais oublie ça, on le fait pas finalement.’ Il est un peu du genre à te demander de construire un château de cartes juste pour le plaisir de le détruire à la fin.” Une folie qui met ses équipes à rude épreuve mais compte aussi pour beaucoup dans le capital sympathie de l’émission auprès de ses téléspectateurs.
“On va le démonter”
Avant de quitter les studios, Sacha Baron Cohen prend soin de laisser à l’accueil la clé de ses menottes, qu’il n’avait évidemment pas vraiment perdue. Le lendemain, Hanouna recevra une lettre de l’Anglais, accompagné d’une boîte contenant des pansements pour son poignet endolori et un gâteau avec des clés dessinées dessus. Sans rancune? En sortant du plateau le soir-même, Hanouna semble fatigué, estomaqué mais surtout impressionné: “Je vous assure que je n’étais au courant de rien, balbutie-t-il. Le mec est fou. C’est très fort ce qu’il a fait.” En interne, on confie tout de même que Cyril n’aurait pas apprécié d’avoir “perdu le contrôle de son émission. Il veut avoir la main sur tout, c’est sa nature. C’est par exemple impossible de lui organiser un anniversaire dans l’émission, il prend toujours les devants et organise sa propre surprise.”
“Un jour, j’ai entendu Cyril dire à Chameroy: ‘Arrête de parler d’Obama! Tout le monde s’en branle d’Obama, personne ne le connaît.’”
Un employé de H2O
À peine l’ouragan Baron Cohen passé, un autre, moins bon enfant, se dessine à l’horizon. Dès le lendemain, un article du Canard enchaîné révèle que l’humoriste Julien Cazarre, chroniqueur sur Canal+ Sport, a porté plainte le 8 février contre Cyril Hanouna et Énora Malagré, pourtant ses collègues au sein du groupe de Bolloré, pour “menaces de violences physiques”. L’origine du courroux des “Bonnie and Clyde du PAF”: une interview de Cazarre sur le site de France Football dans laquelle il justifiait son refus de participer à Touche pas à mon sport, version sportive de TPMP, en expliquant que le travail de l’animateur n’était “pas du tout sa came” et que, pour lui, “Gilles Verdez, c’est le dîner de cons, et Énora Malagré la vulgarité à l’extrême”. En plus des appels téléphoniques énervés, il reçoit pendant tout un week-end des SMS à coloration simili mafieuse: “On sait où t’habites”, “Tu nous as pris pour des gentils, mais non” et autres “Tu ne sais pas qui on connaît”.

La plainte fait cesser le harcèlement, mais l’affaire ne s’arrête pas là. Car Baba ne s’est pas contenté d’attaquer l’auteur des critiques. Il a aussi mis la pression sur Arnaud Ramsay, journaliste sportif et consultant occasionnel sur i-Télé, qui n’avait pourtant fait que tweeter l’interview incriminée. “L’article a dû être publié à 10h le vendredi, je l’ai tweeté à 11h, il était repris par un site à midi, et à 14h, j’avais je-ne-sais-combien d’appels en absence, relate Ramsay. J’ai rappelé sans savoir qui c’était, et j’avais du mal à croire que c’était vraiment Cyril Hanouna qui me criait dessus. J’étais dehors, j’entendais mal, il s’est mis à hurler: ‘C’est Hanouna, tu comprends pas?’” Au commissariat du IXe arrondissement parisien, où il a été convoqué à la suite de la plainte de Cazarre, Ramsay rapporte les menaces: “On va s’expliquer, je vais venir te défoncer, tu ne sais pas qui je suis, tu vas avoir de gros problèmes, je vais venir te chercher à i-Télé, etc.” “Après cette histoire, j’ai eu un nombre de textos assez hallucinant de la part de confrères qui me disaient: ‘Ça ne m’étonne pas’”, assure Ramsay.
Une poignée de coups de fil suffit en effet à recueillir des monceaux de témoignages similaires. Il y a cet animateur qui raconte comment, à la suite d’un tweet, Hanouna est venu le cueillir à la fin de son émission fagoté d’une doudoune sans manches, pour une séance de front contre front. Ou cet autre qui, après une déclaration négative dans une interview, a reçu un coup de pression par texto: “T’as fumé ou quoi? Reste à ta place!” Certains témoignent avoir un jour vu Christophe Dechavanne “s’expliquer” avec Hanouna à la sortie d’Europe 1 ou Nikos Aliagas entrer dans une colère noire après un coup de fil du même acabit. “Nikos est le mec le plus gentil de la terre, je ne l’ai jamais entendu être grossier à part cette fois-ci”, assure un proche de l’animateur de TF1. Hanouna justifie cette drôle d’habitude. “Je n’aime pas passer par presse interposée donc quand j’ai quelque chose à dire à quelqu’un, je lui dis en face ou je l’appelle, assume-t-il depuis sa loge. Je n’aime pas les mecs qui se cachent derrière leur micro ou Internet. Cazarre, j’ai été sympa avec lui, je lui ai proposé Touche pas à mon sport et je vois que derrière, il me chie dessus. Moi je viens de la banlieue. Mes copains, quand un gars parle comme ça de moi, ils me disent: ‘Qu’est-ce qui lui prend à l’autre, on va aller le voir et on va le démonter.’ Heureusement que je suis là pour les calmer.” Et Cyril n’a pas non plus pour habitude de dissimuler ses coups de gueule à ses équipes. “L’histoire de Cazarre, il nous l’avait racontée le jour-même, il était mort de rire, décrit un chroniqueur de TPMP. Cyril est supersanguin, il n’arrive pas à se contrôler quand il a quelqu’un dans le pif.” Le chroniqueur en question a un exemple précis en tête: “Un jour, il a menacé Jérôme Anthony (animateur sur M6 et W9, ndlr) juste parce qu’il avait dit dans une interview qu’il ne regardait plus TPMP. Quand il l’a su, il a hurlé pour avoir le numéro d’Anthony et l’a appelé devant nous. C’était: ‘Putain mais t’es qu’un fils de pute, je vais venir te cramer les couilles.’ Et il se marrait. Le problème, c’est qu’il est entouré d’une cour qui dit amen à toutes ses conneries.” Pourquoi, alors, les cibles de ses attaques ne se sont-elles pas rebellées avant la plainte de Julien Cazarre? “Parce que Hanouna a une grosse communauté derrière lui, un public jeune, une cible très prisée en télé, élucide un animateur qui dit avoir déjà reçu, lui aussi, quelques grivoiseries par SMS. Il y a aussi la peur de se faire défoncer, que ce soit sur les réseaux sociaux ou pendant deux heures en direct tous les soirs dans son émission.” Le fait est que la sphère d’influence de Cyril Hanouna a grandi de façon exponentielle depuis 2012.
Fils spirituel de Bolloré et parrain du PAF
À l’époque, l’homme est encore un outsider. “Lancer une nouvelle chaîne et confier une quotidienne à cette heure-là à Cyril Hanouna, c’est un pari que personne n’aurait osé faire”, vante Ara Aprikian. Rapidement, il devient omniprésent sur D8 et D17, multipliant les émissions et les rediffusions. Hanouna est alors très apprécié des équipes. “Quand D8 a été créée, des gens de Canal ont pris nos places, et il y avait un vrai mépris de leur part, témoigne un ancien de la chaîne. Hanouna était le seul à ne pas mépriser les équipes de Bolloré.” Une attitude qui va sensiblement évoluer avec l’explosion des audiences. “On a tous senti le changement lorsqu’on a passé le million de téléspectateurs, confie un ex-employé de H2O Productions. Il y a eu une grosse soirée D8 en fin d’année, toutes les têtes d’affiche étaient là sauf lui. Il se sentait déjà au-dessus de tout le monde. Quand il parlait à Aprikian, on avait l’impression que c’était Aprikian qui bossait pour lui.” Depuis la reprise en main du groupe Canal par Vincent Bolloré l’été dernier et la signature du fameux contrat avec H2O, la mainmise d’Hanouna aurait largement débordé au-delà de l’autoproclamée “nouvelle grande chaîne”. Un grand producteur français appuie dans ce sens: “Hanouna, c’est le parrain. Jamais personne n’a eu autant d’influence sur un groupe télé. Des gens comme Delarue ou Dechavanne ont pu avoir de grosses zones d’influence mais ils se sont toujours contentés de promouvoir leurs émissions à eux. Hanouna, lui, se permet de donner son avis sur absolument tout à Canal. Ara Aprikian et Rodolphe Belmer (ex-directeur général de Canal+ également viré par Bolloré, ndlr) ont accouché d’un monstre.” Un membre de la direction de la chaîne décrit comment Hanouna a usé de ses fameux “SMS mi-apitoyants, mi-menaçants” à l’encontre de Patrick Menais, le patron du Zapping, accusé de l’avoir trop souvent moqué. “Hanouna clame partout qu’il est le fils de Bolloré, se résigne un salarié de Canal+. C’est comme un mec qui fait le malin dans la cour de récré parce que son père est le directeur. Il facture très cher des émissions qui ne coûtent rien à produire et si quelqu’un se plaint, c’est: ‘Je vais en parler à Vincent.’” Cyril Hanouna, qui prépare une émission en prime-time sur Canal pour la saison prochaine, ne fait effectivement pas mystère de son excellente relation avec le grand chef et son fils, Yannick Bolloré, partenaire favori de ses parties de tennis du dimanche. “Vincent, c’est la première personne qui a cru en moi quand j’étais au fond du trou, il n’avait pas que ça à foutre mais il m’appelait toutes les semaines pour prendre des nouvelles. Dans le métier, c’est mon grand frère”, flatte l’animateur-producteur, dont la société a eu à ses débuts Havas, autre fleuron du groupe Bolloré, pour actionnaire majoritaire.


“Aujourd’hui, il a un pouvoir de nuisance infini, tous les patrons de chaîne lui mangent dans la main, assure un ancien salarié de H2O. Comme TF1 et M6 veulent le recruter, personne ne peut le critiquer. Par exemple, je ne serais pas étonné que la disparition de Benjamin Castaldi ne soit pas un hasard.” L’ancien animateur de Loft Story ferait en effet partie de la liste noire d’Hanouna, depuis qu’il a critiqué l’omniprésence de celui-ci sur la chaîne dans son autobiographie. “Cyril Hanouna régnait en despote pas toujours éclairé, écrit Castaldi. (…) D8 vivait sous le régime de la terreur. Je n’avais encore jamais vu une chaîne à tel point inféodée à son animateur vedette. (…) Évidemment, je me suis fait fracasser dans son émission.” C’est l’autre bruit persistant qui tourne autour de Cyril Hanouna: il se servirait de son show et de ses grandes gueules pour dézinguer ceux qui le gênent. “Avant, il y avait une vraie spontanéité dans les débats, les avis étaient libres, évoque une des voix de l’émission. Aujourd’hui, Cyril nous dit: ‘Ce soir, on va parler de Dechavanne, vous me le cartonnez tous!’ Une fois, je me suis fait défoncer après l’émission parce que je n’avais pas assez tapé sur quelqu’un. Son truc, c’est de dézinguer la concurrence directe. L’année dernière, on n’avait pas le droit de dire du bien du Grand Journal, et cette année, on n’a plus le droit d’en parler du tout, parce que c’est Bolloré. Les messages passent par le producteur. Il te dit juste: ‘Cyril…’ Et tu comprends.” L’intéressé nie à moitié: “Je leur répète toujours avant l’émission: ‘Dites ce que vous pensez sinon ça flingue tout le concept.’ Après, je vais être honnête avec vous, il y a une telle unité dans le groupe cette année que je ne taperai pas sur les émissions de Canal. C’est la famille.” Deux poids, deux mesures? Un membre de l’équipe toujours en poste: “Les deux slogans de l’émission, c’est ‘On vous dit tout’ et ‘Ce n’est que de la télé’. Aujourd’hui, ce sont aussi les deux plus gros mensonges.” De quoi faire planer une ambiance moins familiale au sein des équipes de l’émission.
“Bonjour, j’ai appris la parution prochaine d’un papier sur les coulisses de TPMP. Je me tiens à votre disposition si vous souhaitez des informations confidentielles, depuis l’intérieur.” Le mail spontané date de fin février. Son auteur n’est autre qu’un chroniqueur actuel de l’émission, qui donne rendez-vous dans un café discret. Quelques minutes suffisent avant qu’il ne plante le décor: en interne, l’ambiance rigolarde des débuts de TPMP a laissé la place à un climat pesant. “Les gens n’en peuvent plus, souffle-t-il en sucrant son expresso. Autant la première saison, on se marrait à faire ça, c’était un truc léger, on mettait des perruques et on parlait de télévision, c’était cool. Autant aujourd’hui, entre la thune, la pression des audiences et les ego, c’est l’enfer.” Comme lui, plusieurs personnes se manifesteront d’elles-mêmes pour exprimer, anonymement, leurs états d’âme. La nouvelle manne financière dont dispose la société jouerait un rôle important dans ce changement d’ambiance. “On dirait des gens qui ont gagné au Loto du jour au lendemain et qui ne savent pas quoi faire de leur argent, poursuit l’un de ces informateurs. La logique, c’est: tout le pognon doit se voir à l’antenne. Ils peuvent mettre 3 000 euros dans une otarie qui va rester trois minutes en plateau, mais quand un mec qui se tue à bosser le week-end demande 100 balles d’augmentation, on lui dit que les budgets sont serrés… Les gens de l’extérieur pensent qu’on est les rois du pétrole, mais pas du tout.” Chez H2O, qui a quasiment décuplé son effectif en quelques années, on vit par exemple à l’étroit. “Certains bossent dans le couloir en face de l’ascenseur, à quatre sur un petit bureau, on dirait une usine à chaussures, décrit un habitué des lieux. Bientôt, on ne pourra plus marcher.” Tous les jours ou presque, une place de choix reste pourtant vacante. Dans son bureau comme dans les allées de l’open space, la présence de Cyril Hanouna est une denrée rare. “En trois mois, je ne l’ai vu qu’une seule fois: quand il y avait des journalistes du Parisien qui le suivaient pour un reportage”, remarque un ancien stagiaire, signalant au passage que si le patron appelle tout le monde “mon chéri”, c’est souvent parce qu’il “ne connaît pas les noms”.
Pour faire connaissance, Hanouna coche chaque année dans son agenda trois rendez-vous, toujours les mêmes: la rentrée, la fin d’année et la galette des rois. La dernière Épiphanie fut notamment pour la direction l’occasion d’annoncer en grande pompe l’arrivée des tickets restaurant. Entre deux parts de frangipane, Cyril Hanouna en a profité pour faire le show. “J’espère que vous êtes contents? C’est super les tickets resto, moi j’en défonce un carnet tous les midis.” Pour Noël, H20 avait déjà fait la surprise à ses employés en leur offrant des… chargeurs de portable. “Comme ça, vous ne pourrez plus dire que vous n’êtes plus joignables”, s’étaient-ils entendus dire. Le chroniqueur préfère en rire: “À chaque fois qu’on revient de vacances, il a cette phrase formidable: ‘Qu’est-ce que vous avez branlé, vous avez eu une semaine pour préparer quelque chose, et vous n’avez rien.’”

En bon manager, Cyril n’est jamais avare d’une bonne blague pour détendre l’atmosphère. Il est ainsi capable de déféquer dans les pompes d’un chroniqueur, d’uriner dans la poubelle d’une productrice ou dans le verre d’un rédacteur en chef, attendant que ce dernier y trempe les lèvres avant de le prévenir. Deux témoins racontent comment Bertrand Chameroy, qui avait pourtant refusé de le faire, a été hypnotisé avant la spéciale du 15 février dernier, fondant en larmes à cinq minutes de la prise d’antenne. “Valérie Benaïm a demandé à la prod’ de le réveiller et de le renvoyer chez lui mais ils ont répondu que cela ferait une ‘super séquence’, et Chameroy a fait toute l’émission en déprime totale, raconte l’un d’eux. Pour moi, c’est comme un viol.” En privé, Hanouna n’hésite pas non plus à régler un différend avec l’un des ses collaborateurs un dimanche après-midi, en lui passant 25 coups de téléphone en l’espace de 30 minutes. L’appelé s’en souvient très bien. “C’était une discussion lunaire. Il me disait: ‘T’as rien compris, t’es qu’une merde, si t’es pas content je te vire demain, c’est moi le vrai roi du groupe Canal’ ou encore, un truc qu’il répète tout le temps: ‘Tu sais combien je pèse?’ Quand il s’énerve, il vrille complètement, il ne sait plus ce qu’il dit. Puis quand il se calme, c’est l’un des types les plus sympathiques au monde.” “C’est un peu comme avec ton meilleur pote, prolonge l’un de ses assistants. Il a ce truc très fort où tu peux te coucher le soir en te disant ‘putain, il fait chier, je n’ai pas envie de voir sa gueule’, mais le lendemain matin, avec un grand sourire, il arrive à t’endormir et tu lui pardonnes. Il est très attachant, malgré tout.” Mais pour encore combien de temps? “Je me demande comment on va faire pour terminer la saison, j’ai peur que tout le monde explose avant, s’inquiète-t-on à H2O. C’est horrible mais dans la boîte, plus personne n’a envie de faire TPMP. On priait pour ne pas dépasser les deux millions, pour que ça ne mette pas encore plus de pression. Chaque soir, on y va en traînant les pieds parce qu’on sait que quelqu’un en plateau va se prendre une plume dans le cul et qu’un mec de la rédaction se fera engueuler parce que ça ne sera pas la bonne couleur de plume.” Face à la critique, Hanouna admet: “TPMP est l’émission la plus compliquée à produire du PAF. On est tous dans un TGV et chacun est un peu dans son couloir, comme dans une course d’athlétisme. On essaie de courir le plus vite possible pour atteindre la ligne d’arrivée et, j’avoue, on ne se retourne pas toujours vers les autres pour voir s’ils ont besoin d’aide.”
“Chaque soir, on y va en traînant les pieds parce qu’on sait que quelqu’un en plateau va se prendre une plume dans le cul et qu’un mec de la rédaction se fera engueuler parce que ça ne sera pas la bonne couleur de plume.”
un membre de l’équipe de TPMP
Entre ceux qui le décrivent comme un Tony Montana, parrain paranoïaque et vengeur, et ceux qui le peignent en Néron, empereur capable de cramer son œuvre sur un coup de folie, rares sont les observateurs qui prédisent une issue heureuse à l’aventure télévisuelle de Cyril Hanouna. “C’est triste parce qu’il a un talent fou, mais il a réussi la prouesse de se mettre tout le métier à dos, se désole un animateur. Tout le monde n’attend qu’une chose: que ses audiences baissent, que le concept s’effrite et qu’il se casse la gueule. Ce jour-là, personne ne lui tendra la main. Ils lui tomberont tous dessus.” Rien qui ne semble effrayer la bête. “Ça ne me fait pas du tout peur. Le métier, je n’en ai rien à foutre, claque-t-il. Ce qui compte pour moi, c’est le public. Les professionnels, ça ne sert à rien d’être copain avec eux. Si vous êtes bien, ils le seront avec vous, si vous tombez, ils vous écraseront tous.” Quelques voix vont jusqu’à évoquer un destin à la Jean-Luc Delarue, l’animateur-producteur hyperactif décédé en août 2012. Yves Bigot, patron de Cyril Hanouna à RTL en 2010/11, qui a également bien connu Delarue, écarte la comparaison d’un revers de la main: “Tout le monde a ce référent à la télé française, mais je pense que Cyril fait beaucoup plus attention à lui que ne le faisait Jean-Luc. Cyril a des racines familiales, des copains, des gens avec qui il joue au poker, alors que Jean-Luc était très seul, beaucoup plus intériorisé. Je ne vois pas chez Cyril la part de désespoir qui a toujours existé chez Jean-Luc.” Face aux attaques, aux accusations, aux critiques, Cyril Hanouna n’a de cesse de dédramatiser. Pour lui, rien n’est grave, tout est matière à vannes. “TPMP, c’est comme une soirée entre potes où tu rigoles, on est restés de grands gamins, assure-t-il. Après, tu as les gars qui se prennent trop la tête comme Michel Onfray, comme le gars de France Inter. Moi, je ne suis pas là-dedans. Je veux m’amuser. Je n’ai même pas l’impression de faire une émission de télévision. Je dis juste des conneries, comme dans la vie.” Au risque de se couper lui-même d’une certaine réalité. “Je ne me rends pas compte que parfois, je peux blesser des gens. Quand je vanne quelqu’un, c’est que je m’intéresse à lui.” Pour un chroniqueur actuel, “il ne réalise pas les conséquences de ce qu’il fait sur la vie des autres. Cyril, c’est: ‘Je te fous une tarte dans la gueule, ça va, c’est pas grave, prends une serviette, c’est marrant.’ Tout est justifiable par l’humour.” En résumé? “Cyril, c’est la tyrannie du rire.”