
Avec ses objets en tous genres soigneusement disposés et son immense bibliothèque avec échelle, le salon de Daniel Schávelzon a des airs de salle de musée d’Archéologie. L’homme a d’ailleurs la gueule de l’emploi: cheveux et barbe gris-blancs, teint légèrement mat, lunettes, chemise blanche entrouverte. “Avec les années, on devient un peu un cliché de soi-même”, sourit-il. Chercheur au Conicet, le CNRS argentin, ce sexagénaire est convoité comme jamais il ne l’a été dans sa longue carrière d’archéologue. La raison: il vient d’authentifier des constructions qui dateraient de la Seconde Guerre mondiale, construites dans le but de cacher un important dirigeant du IIIe Reich. Le tout à six kilomètres de San Ignacio, au Nord-Est de l’Argentine, dans la province de Misiones, au bord du fleuve Parana, qui sépare l’Argentine du Paraguay. Au départ, pourtant, une expédition anodine. “J’avais eu l’occasion de parcourir la région et un site m’avait marqué au cœur de la jungle: trois constructions étranges, absurdes même, bâties dans un endroit inhospitalier, plutôt en bon état archéologiquement parlant.” L’année dernière, Daniel constitue donc un groupe de recherche au centre d’archéologie urbaine de l’université de Buenos Aires (UBA) et, après de longs mois de préparation, s’installe sur les lieux avec cinq autres chercheurs “très qualifiés”. Leurs premières conclusions tombent fin mars 2015, et font immédiatement le tour du monde: ces constructions atypiques seraient l’œuvre des nazis. De quoi faire du boucan partout, sauf sur place, où personne ne semble réellement surpris. Bizarrement.