
Presque quinze ans qu’on ne l’avait pas vu. Et puis il a surgi, le 31 janvier dernier, au beau milieu du Saturday Night Live. Précédé par son groupe, quelques violons et une mélodie à la guitare andalouse, D’Angelo est apparu sur scène en costume bien taillé, poncho posé comme une cape sur les épaules et chapeau du far west en équilibre sur le crâne. Avec environ dix kilos de trop. La musique a démarré. Really Love, cinq minutes de soul à l’état pur. Après quoi, nouvelle disparition. Le chanteur s’éclipse, puis remonte sur scène pour un deuxième morceau, The Charade. Changement de décor: guitare autour du cou, sweat à capuche sous veste en cuir, bandana noué autour de ses tresses plaquées, il est désormais en position de combat parmi ses musiciens, tous habillés d’un sweat proclamant “I can’t breathe” ou “Black lives matter”, en hommage aux cris de ralliement des mouvements de protestation contre les violences policières envers les noirs qui viennent d’émailler l’Amérique, de Ferguson à New York. De l’amour à la politique, en l’espace de dix minutes.