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Le dimanche 3 avril s’écoule comme un dimanche de printemps sur les bords de la Loire. Sans histoires. Le FC Nantes est en deuxième division, le match hebdomadaire n’aura lieu que demain, contre Boulogne-sur-Mer. À son domicile, Emmanuel Teneur tourne en rond. Il a perdu son emploi il y a plusieurs mois, il tue le temps en buvant beaucoup trop. Dans l’après-midi, il appelle Xavier à deux reprises, sans succès. Celui-ci ne décroche pas son téléphone, et pourtant, il n’a pas quitté son domicile.
Arthur, le plus âgé des enfants, revient à la maison dans l’après-midi. Il est en deuxième année de BTS ingénieur à Saint-Laurent-sur-Sèvre, à une soixantaine de kilomètres au sud-est de Nantes, mais gagne son argent de poche en travaillant à Pizza Tempo le week-end. Ce dimanche, il a pris son poste à 11h et l’a quitté à 14h55. À 16h, Agnès et Anne rentrent à leur tour. Sur le coup de 17h, Thomas part pour Angers, où il vit en internat la semaine. La famille Ligonnès a prévu d’aller au cinéma. Elle s’est fixée sur la séance de 18h (à laquelle elle arrive avec dix minutes d’avance) pour voir le film d’animation Rango, une parodie de western dont le personnage principal est un caméléon anthropomorphe et dont le mantra résonne bizarrement a posteriori : “Personne ne peut échapper à sa propre histoire.” On dirait que les services marketing du blockbuster l’ont pensé pour les Ligonnès: un film qui peut plaire aux petits comme aux grands, à Benoît, 13 ans, comme à son père, fasciné par les États-Unis et la culture country. Agnès règle les places avec sa carte bleue et, en attendant que le film commence, échange des SMS avec son mari, pourtant assis à la même rangée qu’elle.
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