
Chapitre 9
Autoroutes et impasses
La traque de Xavier Ligonnès a de quoi rendre fou. C’est comme chercher un objet égaré, une carte bancaire par exemple, dont on peut déterminer exactement le moment de la disparition: on l’a utilisée pour payer, elle était là, et l’instant d’après elle n’y est plus. La logique veut qu’on la cherche aux endroits où on la range habituellement (un portefeuille, un sac à main), puis là où elle pourrait être (une poche arrière de pantalon, un meuble d’entrée), et moins on la trouve, plus il nous semble l’apercevoir partout. Face à l’absence, le cerveau construit des images (la carte bleue dans un tiroir de bureau, en marque-page dans un livre, oubliée sur le comptoir du dernier magasin) mais celles-ci sont des fictions ou des mirages ; elles poussent à poursuivre la recherche mais elles n’apportent pas de solution. L’apparente volatilisation de Xavier Ligonnès obéit à la même logique et produit les mêmes effets sur l’enquête.