
Il s’est senti moins seul un mardi. Celui où Kim Kardashian s’est présentée à la barre du tribunal judiciaire de Paris pour témoigner. Ce jour-là, le 13 mai dernier, il y avait 400 journalistes accrédités -une dizaine dans la salle des assises, les autres collés dans une pièce adjacente face à l’écran qui diffusait les débats- quand, enfin, Abderrahmane Ouatiki est sorti de l’ombre. Abderrahmane Ouatiki était le veilleur de nuit de l’hôtel de Pourtalès où, presque neuf ans plus tôt, la star américaine a été séquestrée et délestée de ses bijoux par une bande de vieux briscards du crime. Il est donc la seconde victime de l’affaire, et aurait pu en être aussi le héros anonyme si la vie, l’ingratitude des autorités françaises et une phrase lâchée par la plaignante pendant l’instruction n’en avaient décidé autrement. Une phrase pourtant sans ambiguïté. “Il était très calme”, avait répondu Kim Kardashian aux enquêteurs alors que ceux-ci cherchaient à connaître les éventuelles complicités qui auraient pu renseigner le gang de braqueurs. Pas “bizarrement très calme”, pas “étrangement calme”, juste un “très calme” qui a pourtant résonné comme un doute sur son implication. Derrière, la vie d’Abderrahmane Ouatiki a pris un chemin contrarié par ce qui ressemble à une succession d’injustices.