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Camp de prière pentecôtiste Jésus est la Solution, à 100 kilomètres de Lomé. La dernière semaine de chaque mois, le camp accueille des milliers de fidèles venus prier pour obtenir des miracles.
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Tous les fidèles doivent s'inscrire au secrétariat général du camp lors de leur arrivée, où ils paient 500 francs CFA (75 centimes d'euro). Ensuite, hormis les quêtes, ils ne seront plus sollicités, affirment les autorités du camp.
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L'évangéliste Noumonvi Dodji Paul, fondateur du camp de prière, lors de la prière matinale. Matin et soir, les fidèles se réunissent dans le grand hangar servant de temple pour une messe de trois heures minimum.
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Entre 5 000 et 7 000 fidèles assistent aux prêches du pasteur Noumonvi et des autres “serviteurs de Dieu”.
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Les prêches de l'évangéliste promettent la guérison aux malades. Les médicaments y sont souvent décriés à cause leur coût et de leur supposée inefficacité. Selon le pasteur, seule la prière peut apporter une véritable guérison, quelle que soit la maladie.
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À proximité du temple, des béquilles sont disposées en évidence pour témoigner des pouvoirs du Seigneur. Des fidèles témoignent que la veille, un homme s'est levé de son fauteuil roulant en pleine messe.
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Le camp de prière accueille environ 200 personnes souffrant de troubles mentaux. Le plus souvent amenées là par leur famille, elles sont enchaînées à un arbre ou un bloc de béton. Ici, les troubles mentaux ne sont pas considérés comme une maladie mais comme l'œuvre d'esprits.
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La forêt de tecks où sont enchaînés la plupart des malades mentaux. “Ce n’est pas mon désir de faire dormir tous ces gens sous des palmiers et de les y attacher!” dit le pasteur Noumonvi, qui explique qu'il n'a pas le terrain disponible pour construire des chambres ou des cellules pour tous.
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Nestor, 28 ans, ancien malade enchaîné. Au camp de prière, les personnes “possédées” ne reçoivent aucun traitement médical. Elles sont enchaînées pour ne pas fuir et les serviteurs du pasteur prient pour leur salut. Aujourd'hui officiellement guéri, Nestor vit sur le camp et travaille à proximité.
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Foufounet, 26 ans, ancien malade enchaîné pendant deux ans. “Dieu a béni l’Homme de Dieu, c’est sa puissance qui a fait que j’ai trouvé la guérison”, dit-il en parlant du pasteur. Aujourd'hui, il travaille au camp, où il surveille les malades mentaux.
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Essotche, 24 ans, ancien malade enchaîné. Comme Foufounet, il est désormais chargé de surveiller les malades mentaux du camp.
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Les familles des malades restent près d'eux pour les nourrir, s'occuper de leur toilette sommaire ou les couvrir d'une bâche lorsqu'il pleut. Certains d'entre eux sont enchaînés depuis des semaines, des mois, voire des années.
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L'évangéliste Noumonvi Dodji Paul part pour la messe matinale. Le pasteur est systématiquement conduit et escorté par un militaire pour faire le trajet entre sa villa et le temple, séparés de quelque 500 mètres.
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Dans l'une des rares cellules de béton où sont enchaînés des malades mentaux, Victorine, 25 ans, a peur qu'on l'attaque. Sa mère, Rosaline, s'occupe d'elle tous les jours en espérant sa guérison.
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Koffi, 27 ans, enchaîné depuis trois jours. Contrairement à d'autres, son discours est très cohérent : “C'est ma mère qui m'a amené ici après que j'ai poignardé mon frère lors d'une dispute.” Il réclame qu'on le libère, sans succès.
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Désiré, 9 ans, enchaîné depuis huit mois. Sa maman, Aliwa, dit qu’elle ne sait pas ce dont son fils est atteint mais que les médicaments que des médecins lui ont fait prendre “l’ont rendu pire”. Avant d'ajouter : “Heureusement qu’il est enchaîné, sinon, il partirait en courant, lancerait des cailloux et volerait sur les étals.”
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Les familles ont construit des abris de fortune dans la forêt de tecks pour être aux côtés de leurs proches malades.
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L'hôpital psychiatrique de Zébé, à Aneho, est le seul du Togo. Il accueille 136 patients, sous traitements médicamenteux. L'enchaînement des malades dans les camps de prière prospère grâce à l'absence de moyens et à la mauvaise organisation du système psychiatrique togolais.
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Au centre de santé mentale Paul-Louis Renée, tenu par la congrégation des sœurs hospitalières de Notre-Dame-de-Compassion, à Lomé. “Nous appartenons à l’Église mais nous pratiquons la médecine. Ce n’est pas la prière qui guérit”, prévient sœur Marie-Viviane, qui dirige le centre. “Il va falloir que l’État s’engage, qu’il prenne ses responsabilités, se lamente-t- elle. Sinon, ce sont les camps de prière qui en ont profiteront et toutes ces brimades abominables continueront de plus belle.”