RÉUNION DE FAMILLE

Congrès du PS – Cambadélis assomme Poitiers

“Deux de tension, super soporifique, poussif…” Le 77e Congrès du Parti socialiste s’est achevé ce midi avec un discours façon pétard mouillé de son premier secrétaire, Jean-Christophe Cambadélis. Comme un résumé d’un week-end à Poitiers où, à force de vouloir apparaître apaisé, le PS a versé dans la léthargie.
Jeunes premiers.

Tout au fond, près de la sortie, un militant s’est décidé à faire le chauffeur de salle. Peut-être un copain de Jean-Christophe Cambadélis, ou alors juste un type mal à l’aise. Il fallait bien que quelqu’un se dévoue pour lancer les applaudissements à la fin d’un discours que le premier secrétaire a conclu avec une touche bien perso : en imaginant une possible disparition de son parti. Il fallait oser, “Camba” l’a fait.
“Je me dis que si jamais le Parti socialiste venait à disparaître, la République perdrait sa meilleure défense. Je crois que sans ce parti, la France perdrait plus qu’un parti. La France perdrait en humanité et les Français perdraient espoir. Oui, sans ce parti, la France ne serait plus la France.” Comme “pep talk”, on a connu mieux. Au moins, ceux qui voulaient éviter à tout prix la cacophonie ont été servis.

Baumel parle, Valls s’en fout

À Poitiers, le PS a voulu parler d’une voix. Renvoyer une image unifiée, apaisée. Une scène, pourtant, en dit long sur le fossé que le congrès poitevin a échoué à combler. Il est 11h30 dimanche matin : pendant que le député Laurent Baumel explique à la tribune pourquoi les frondeurs de la motion B n’ont pas signé le document final du Congrès, “L’adresse au peuple de France”¸ Manuel Valls vient faire un tour auprès des journalistes. Les frondeurs parlent au gouvernement. Le Premier ministre, visiblement, s’en fout.

Rentré dans la nuit de Berlin où il a assisté à la finale de la Ligue des champions, le fan du Barça distribue ses punchlines. Il dit : “Les Français veulent du sens, de l’innovation, du leadership.” Un journaliste remarque : ”C’est peut-être là que François Hollande n’a pas été bon.” Il répond : “C’est là où moi, j’ai été très bon.” Vivement 2017.
Le Premier ministre réagit aussi à la tribune incendiaire d’Arnaud Montebourg dans le JDD du matin. “C’est pour que vous ayez quelque chose à raconter ce matin. Une partie de la presse a besoin de la castagne.”

Montebourg en guest-star

Il faut dire que l’homme à la marinière n’y va pas de main morte. Même loin, c’est la star du début de matinée à Poitiers. Dans cette tribune cosignée avec le banquier Matthieu Pigasse, il dézingue : “Hébétés, nous marchons droit vers le désastre (…) L’absurde conformisme bruxellois de la politique économique de la France actuelle est devenue une gigantesque fabrique à suffrages du Front national.”

Après trois jours sans réel coup d’éclat, la sortie de Montebourg fait parler. “Irresponsable”, “absurde”, “insulte au parti”¸ ”simple coup de com’”, les tenants de la ligne majoritaire l’ont mauvaise. Les frondeurs, eux, apprécient. “Il faut secouer les pensées poussiéreuses. C’est très bien qu’il y ait des renforts extérieurs au parti”, dit Christian Paul, leur chef de file. Quant au timing, “il est excellent”, se réjouit le député de la Nièvre. “Depuis deux jours, on entend le ronron de la pensée unique du parti. Sans ça, on n’aurait eu que la ‘Camba Story’.” Montebourg, au moins, n’a pas besoin de chauffeur de salle.

Par Julien Proult