
DÉBUT 80s. Dans une maison avec jardin de Ladbroke Road, à Londres, des jeunes gens de la communauté anglo-caribéenne font la fête sur fond de volutes de beuh, de curry de chèvre et de sound system . Martha et Franklyn, en pleine phase de séduction, se cherchent une place à mesure que la nuit s’allonge et se dilue. Dans ce labyrinthe, la musique sert de boussole. À l’extérieur, des hommes blancs s’ennuient sur une rambarde et balancent des cris de singe aux fêtards noirs qui défilent. À l’intérieur, les DJ enchaînent les morceaux de qualité, pendant qu’au micro, un speaker pose les mots attendus: “Avec Mercury Sound, bonnes vibrations garanties. Douces comme le vin et le raisin qui mûrit” , “Respect à vous tous de tous les quartiers” , “Nous allons vous placer sous notre protection”. En guise de “protection”, des cartons remplis à ras bord de 45 tours qui, une fois posés sur les platines, diffusent du lovers rock, un style de reggae romantique et coupé à la soul que le public plébiscite. Certaines filles rejouent les meilleures bastons de Bruce Lee au rythme du hit single de Carl Douglas, Kung Fu Fighting. Arrive ensuite Silly Games , composé par Dennis Bovell et interprété par Janet Kay, qui restera dans l’histoire comme le premier morceau certifié “lovers rock” à bénéficier d’une diffusion en live sur le plateau de la vénérable émission Top of the Pops , en 1979.