
Créée par Tony Gilroy ; avec Diego Luna, Stellan Skarsgård, Denise Gough…
À voir sur Disney+
Exit l’Empire super-méchant et la révolte très, très gentille. Adieu aussi la résistance vue comme une seule affaire de destinées mystiques, de magie et d’élus. C’est peu dire qu’Andor, série préquelle en deux saisons se déroulant quelques années avant l’intrigue du Star Wars de 1977 et retraçant la naissance de la rébellion face aux ambitieux bureaucrates de l’empire mené par Palpatine, transcende son matériau d’origine: seules la rage brute et la planification méthodique rendent ici possible l’insurrection, chaque épisode étant une réflexion lancinante sur le comment et le pourquoi de la résistance plutôt que sur son issue. La première saison avait déjà offert une séquence d’évasion d’un camp de travail pénitentiaire à couper le souffle. Cette fois, c’est la culture et la richesse du monde d’Andor qui stupéfie, car on y découvre jusqu’à ses danses nuptiales, ses drogues et ses langues, dont l’une a été inventée pour l’occasion. Mais le tour de force d’Andor, c’est surtout d’aborder sans détour les mille et une facettes du déclin des démocraties et de leur transformation en dictatures, notamment à travers une séquence de massacre méticuleusement préparée à coups de propagande et de fake news. Une préoccupation qui, selon George Lucas lui-même, était déjà au cœur de la conception de Star Wars pendant les années Nixon. Sauf que le manichéisme des seventies a laissé place au post-modernisme et à la mise en avant des rouages structurels de l’histoire: les habituelles courses-poursuites de vaisseaux spatiaux s’effacent ici derrière une ambiance faite de pamphlets, d’innovations technologiques, d’alliances, de petits pas discrets, de sacrifices et de drames intimes. De là à y voir une métaphore convaincante de l’Amérique de 2025…