Etude d'opinion - chances de victoire de la gauche à la présidentielle

Désunion et désespoir

Il y a un mois, l’institut YouGov réalisait, à la demande de Society, une étude d’opinion sur les chances de victoire de la gauche à la présidentielle et sur la thématique de l’union de la gauche. Une étude qui apporte un éclairage supplémentaire pour compléter le long récit publié dans le numéro 176 du magazine, encore disponible jusqu’au mercredi 30 mars. Un éclairage peu encourageant pour les électeurs de gauche.

Premier coup dur : au total, 64% des personnes interrogées jugent qu’un candidat de gauche a peu voire pas du tout de chance de remporter l’élection présidentielle. Pire : lorsque l’on regarde dans le détail, c’est encore plus prégnant du côté des électeurs de gauche, qui ne sont que 25% à penser qu’un de leurs représentants pourrait l’emporter, contre 68% qui pensent l’inverse.


Seul motif d’espoir (encore valable mi-février, lorsque l’enquête a été menée, mais un peu moins aujourd’hui), une candidature d’union de la gauche aurait plus de chances de l’emporter pour 52% du panel, et pour 75% des électeurs de gauche. Un optimisme néanmoins mesuré puisque 40% des Français et 47% des électeurs de gauche jugent qu’une telle candidature aurait simplement « un peu » plus de chances de gagner. Déjà ça de pris.


Si cette candidature unique venait à aboutir (ne nous mentons pas, cela semble aujourd’hui peu probable, mais après tout, l’époque est surprenante), 26% des personnes interrogées jugent que Jean-Luc Mélenchon serait le candidat le plus crédible. Mais cela n’en fait pas la proposition la plus populaire, puisque celle-ci est plutôt « je ne sais pas », marquant sans doute le fait que, auprès de la population française, la gauche manquerait d’une figure rassembleuse à l’heure d’aborder cette drôle d’élection qu’est la présidentielle. A noter cependant, 20% des électeurs de gauche identifiaient encore la future-ex-candidate Christiane Taubira comme la candidate la plus crédible, presque au niveau de Yannick Jadot (21%) et Jean-Luc Mélenchon (24%), et loin devant Anne Hidalgo (9%) et Fabien Roussel (5%).


Au-delà du désaccord sur la personnalité à même d’incarner la gauche en France, les personnes interrogées pointent un autre souci, de taille, à l’heure d’incarner l’union de la gauche : les différentes candidatures auraient des idées trop différentes pour se rassembler autour d’un programme commun, pour 59% des Français, et pour 56% des gens de gauche.


Dernier clou dans le cercueil, union de la gauche ou pas, les sondés ne sont que 21% à penser que les thématiques abordées par les candidats et candidates de gauche sont percutantes dans le débat public lors de cette campagne, contre 61% à penser l’inverse. Et la tendance ne s’inverse pas vraiment à gauche, où le rapport est de 39/49. Malgré le début de remontada actuel de Jean-Luc Mélenchon, cette présidentielle semble sentir un peu la noisette pour la gauche française.


Vous voulez comprendre comme elle en est arrivée là ? Quelques éléments de réponses sont à retrouver dans notre long récit sur les cinq années de tractations plus ou moins secrètes et plus ou moins bien menées qui ont agité la gauche depuis l’élection d’Emmanuel Macron. Dans le Society 176, encore disponible chez tous les meilleurs marchands de presse, jusqu’au mercredi 30 mars 2022.

Par Society