
Depuis qu’il est en âge de vivre seul, Rémi*, 39 ans, a très souvent déménagé. Une quinzaine d’appartements en 20 ans, sans compter les périodes de “squat” chez des proches, comme celle chez son oncle Yohan*, 55 ans. Les deux hommes sont alors plutôt proches. Au-delà des liens de sang, ils partagent une passion pour “des trucs rock un peu obscurs”. Malgré cela, Rémi ne s’attendait pas à voir son logeur lui ouvrir la porte le premier soir avec un doigt devant la bouche. “Je sonne, il m’ouvre et, direct, il me dit de me taire en parlant tout bas.” La raison? Yohan est en train de regarder une vidéo de l’idéologue d’extrême droite Alain Soral en faisant les cent pas dans son studio -où il dort dans un hamac. Rémi restera ici quinze jours au total, pas un de plus, épuisé par les remarques quotidiennes de son oncle à propos des “labels de musique qui appartiennent à des juifs”. Les deux hommes mettront trois ans avant de se revoir. Le grand-père de Rémi, et père de Yohan, est alors mourant. Presque un assassinat, selon Yohan, qui explique à son neveu “qu’on veut qu’il décède car c’est un vieux qui coûte cher à la société. La science, les médecins, la chimio: des conneries pour tuer les gens, selon lui”.