
Tous les quatre ans, c’est la même chose: une petite insomnie dans la nuit du mardi au mercredi, un canapé, la pénombre, une télécommande dans la main, et au fait, ce serait pas l’élection américaine? On descend alors dans les tréfonds de sa box internet (ou de son bouquet satellite, pour les plus vintage) à la recherche des chaînes américaines, à la source. MSNBC? Bof. Fox News? Pour le fun. CNN, enfin, l’originale, fondée en 1980 et qui a peut-être créé un monstre en inventant le concept de chaîne d’information en continu. Sur le terrain, les reporters écument les bureaux de vote des swing states, ces États aux résultats incertains censés décider du sort de l’élection. Sur le plateau, les tailleurs et les costumes-cravates ne sourient pas, ils égrènent les résultats les uns après les autres. Vous avez beau ne regarder cette chaîne qu’une fois tous les quatre ans, vous repérez vite les vedettes, parce qu’elles ont des airs de vedettes: Anderson Cooper, aussi à l’aise en anchorman qu’en duplex au milieu d’un ouragan ; Christiane Amanpour, la confiance en soi des gens qui ont interviewé tous les grands de ce monde ; Jim Acosta, l’homme de la Maison-Blanche et ses faux airs de George Clooney. Longtemps, ce sont ces archétypes de journalistes américains qui ont attiré tous les regards et qui se sont réservé l’annonce, dans la nuit du mardi au mercredi, du vainqueur de l’élection. Et puis, il y a eu 2020, où l’insomnie a duré un peu plus longtemps que prévu.