
Fait rarissime pour un astrophysicien: chaque jour, Avi Loeb reçoit du courrier de ses fans. Ce matin de janvier, alors qu’il vient de garer sa voiture de luxe sur le parking tapissé d’un manteau blanc neigeux du Centre d’astrophysique de Harvard, le voilà accueilli par un billet manuscrit en lettres filiformes, des demandes de dédicaces et un épais paquet maintenu par plusieurs couches de scotch. “Espérons qu’il n’explose pas!” rigole-t-il, avant d’amorcer un virage émotionnel à 180 degrés. “En même temps, je m’en fous, j’ai dit ce que j’avais à dire.” Alors qu’il griffonne des papiers sur son bureau, Richard Cloete, chercheur postdoctorant, ouvre le paquet. C’est un roman, qui semble autoédité. Une lettre manuscrite a été glissée entre deux pages. “Voulez-vous la lire?” demande Cloete. “Non, ça n’a pas d’importance”, réplique son patron sans lever les yeux. Loeb a appris à distinguer au premier coup d’œil ceux qui le sollicitent par amour de la science de ceux qui le font par intérêt. “Répondre me prend du temps, mais quand je réponds, les gens apprécient vraiment. C’est quelque chose que je me dois de faire.”