
Ce qu’il reste de la vie de cette famille après la mort: une mini-moto rouge, presque invisible au milieu des luzernes. Des chaussures alignées sur des blocs de béton. Des bottes en plastique pour l’hiver et la boue, des sandales si jamais le soleil venait à percer un jour. Des planches couvrent désormais le mobile home bleu et blanc planté entre un champ de blé et un bois de feuillus. De cette forêt est partie la balle qui a tué Angela Rostas dans la soirée du 22 février dernier. Angela Rostas avait 40 ans, elle vivait dans le hameau de Chênex, en Haute-Savoie, avec son mari et ses deux filles. Elle était enceinte de sept mois. D’après l’enquête de gendarmerie, une ou deux balles ont touché la bouteille de gaz placée devant le mobile home. Puis Angela est sortie et une troisième l’a touchée au ventre. Un coup de feu fatal. “Le tireur était à une distance de 103 mètres”, souffle Fabrice, employé municipal des services techniques, qui tiendrait l’info d’un gendarme. Une manière de dire que l’auteur n’a pas eu besoin de s’approcher pour être sûr d’atteindre sa cible. Le lendemain matin, on a envoyé Fabrice sur les lieux pour barrer la route. Il a vu les fourgons des gendarmes, les chiens qui reniflaient le sol et des drones dans le ciel. Cela faisait beaucoup d’agitation, de violence et de questions pour Chênex et ses 800 habitants collés à la frontière franco-suisse.