
La place Trois-Mains, située entre l’aéroport international Toussaint-Louverture et la zone industrielle de Port-au-Prince, offre un spectacle de désolation. Deux policiers lourdement armés se tiennent sur des chaises en plastique devant ce que l’on devine être leurs anciens bureaux, dévastés par un incendie. Face à eux, un minuscule marché informel concentre le peu de vie de la zone. À mesure que l’on s’enfonce sur le boulevard des Industries, direction Cité Soleil, l’atmosphère devient de plus en plus inquiétante. Quelques rares piétons, de retour du marché, avancent d’un pas pressé sur cette artère jadis très fréquentée, tandis que les motos et voitures de passage accélèrent sciemment lorsqu’elles atteignent le commissariat abandonné du quartier Carrefour Drouillard, qui marque l’entrée de Cité Soleil. Les petites boutiques de bingo, où l’on venait autrefois jouer, sont toutes fermées. Il y a quelques mois, l’endroit a été le théâtre de violents combats qui ont fait plus de 500 morts. Depuis, l’inquiétude n’est pas retombée.