Reportage

Les fantômes de Cité Soleil

Guerre des gangs, misère, corruption, faillite totale des institutions... Depuis des décennies, Haïti s'enfonce dans l'horreur sans qu'aucune échappatoire semble jamais se présenter. À Port-au-Prince, un endroit plus qu'un autre symbolise ce chaos: Cité Soleil, le plus grand bidonville du pays, entièrement contrôlé par les gangs.
  • Par Margot Davier, à Port-au-Prince / Photos: Antoni Lallican
  • 13 min.
  • Reportage
Un champ de bananiers avec des plaques de tôle ondulée rouillée et des branches sèches au premier plan.
Plantation de bananiers sur un terrain de la commune de Cité Soleil. Port-au-Prince, Haïti, 19 mai 2024.

La place Trois-Mains, située entre l’aéroport international Toussaint-Louverture et la zone industrielle de Port-au-Prince, offre un spectacle de désolation. Deux policiers lourdement armés se tiennent sur des chaises en plastique devant ce que l’on devine être leurs anciens bureaux, dévastés par un incendie. Face à eux, un minuscule marché informel concentre le peu de vie de la zone. À mesure que l’on s’enfonce sur le boulevard des Industries, direction Cité Soleil, l’atmosphère devient de plus en plus inquiétante. Quelques rares piétons, de retour du marché, avancent d’un pas pressé sur cette artère jadis très fréquentée, tandis que les motos et voitures de passage accélèrent sciemment lorsqu’elles atteignent le commissariat abandonné du quartier Carrefour Drouillard, qui marque l’entrée de Cité Soleil. Les petites boutiques de bingo, où l’on venait autrefois jouer, sont toutes fermées. Il y a quelques mois, l’endroit a été le théâtre de violents combats qui ont fait plus de 500 morts. Depuis, l’inquiétude n’est pas retombée.

Society #233

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