
Une trentaine de retraités se dandinent sur un remix de Samba de Janeiro, à l’ombre du rythme effréné de la ville et malgré un mistral à décorner les bœufs, sur le gazon de la place du Général-de-Gaulle, dans le Ier arrondissement de Marseille. Elle avait beau cocher toutes les cases pour faire partie de la bande, Cathy a fait un autre choix. Cette femme de 71 ans a préféré avaler 500 mètres supplémentaires pour se réfugier chez Goudron, une boutique de streetwear branchée de la rue Montgrand, où plusieurs dizaines de femmes et d’hommes jouent déjà des coudes pour se frayer un chemin au milieu des gros bras qui surveillent l’entrée. À l’intérieur, le brouhaha ambiant se mêle aux notes explosives de The Darkest Place I’ve Ever Been, le quatrième album de LANDMVRKS. C’est ici que le groupe de metal marseillais a programmé sa release party. Les membres sont d’ailleurs là, au fond, à papoter, signer des vinyles et se prêter au jeu des selfies. Cathy est fan du groupe, et depuis longtemps. C’est elle qui a fait découvrir les héros du jour à sa fille. Elle l’a même emmenée à Paris, en février dernier, pour les voir faire trembler les murs d’un Olympia complet plusieurs mois à l’avance. Et elle n’est sans doute pas la seule septuagénaire dans ce cas: plus d’un million d’adeptes à travers le monde se délectent chaque mois sur Spotify de cette musique à la fois violente et mélodieuse issue du metalcore -croisement entre du heavy metal et du punk hardcore–, dont LANDMVRKS est devenu le porte-étendard tricolore à l’échelle mondiale.