
Peter a beau raconter l’histoire du lieu depuis quinze ans déjà, il ne semble pas s’en lasser. Bénévole de la bibliothèque et salle d’opéra Haskell de Stanstead, au Québec, il offre quelques heures par semaine à l’édifice et organise une visite guidée chaque samedi à 10h. Ce week-end de mai, un couple canadien anglophone et un autre francophone écoutent attentivement le septuagénaire, qui s’arrête parfois pour répondre à la volée aux questions des touristes, passant de l’anglais au français sans même s’en rendre compte. Points forts de la visite: la tête de cerf, rapportée par un chasseur qui n’avait pas assez de place “at home” ; l’épitaphe de Shakespeare, accroché au-dessus du comptoir d’accueil ; “the huge” pendule ; et puis, bien sûr, cette ligne noire au sol, qui marque la frontière entre le Canada et les États-Unis en traversant de part en part la bibliothèque Haskell, la seule au monde à être partagée entre deux pays. Impossible d’en faire abstraction: la ligne frontière file le long du couloir principal, passe par la section “Contes pour enfants” et termine dans la salle d’opéra. Au mur, une affiche rappelle le règlement à ceux, nombreux, qui veulent s’immortaliser avec un pied aux États-Unis et l’autre au Canada. “La photographie est autorisée, mais n’oubliez pas que nous sommes une bibliothèque fonctionnelle.”