1 – Tir à la carabine à 50 mètres, trois positions :
C’est quoi ?
Aux JO, il existe le bon et le mauvais tireur. Mais aussi l’excellent tireur dans toutes les positions possibles. Le tir à la carabine à 50 mètres, trois positions peut se prévaloir d’être la discipline avec l’intitulé le plus long (à la lutte quand même avec le haut vol à dix mètres synchronisé hommes et femmes). Munies d’un 22 long rifle, les fines gâchettes doivent effectuer 120 tirs à une distance de 50 mètres de la cible : 40 en position couchée, 40 debout et 40 le genou à terre. Et c’est bien sûr cette dernière qui intrigue le plus le néophyte. Les huit meilleurs tireurs sont qualifiés pour la finale, qui les voit se départager avec dix nouveaux tirs en position debout.
Pourquoi on peut se laisser avoir ?
Parce que Valérian Sauveplane est l’un des candidats au titre et que la France attend une médaille depuis l’or de l’immense Jean-Pierre Amat à Atlanta, en 1996. Et franchement, ça ne peut plus durer.
La petite histoire
En 2004, à Athènes, l’épreuve a donné lieu à l’un des plus beaux fails de l’olympisme, mais aussi à l’une de ses plus touchantes histoires d’amour. Déjà titré sur le 50 mètres, Matthew Emmons mène largement la compétition. La médaille d’or quasiment autour du cou au moment d’aborder le dernier tir, l’Américain vise la mauvaise cible –foutu stress– et rétrograde à la 8e place. Mais voilà le bon côté de l’histoire : la tireuse tchèque Katerina Kurkova vient lui remonter le moral. Elle deviendra Madame Emmons trois ans plus tard et sera championne olympique sous son nom de jeune mariée, à Pékin. Heureusement que Cupidon sait viser, lui.
C’est quand ?
Le dimanche 14 août.
2 – Le slalom de kayak monoplace
C’est quoi ?
Avec 28 sports, 42 disciplines et 306 épreuves à Rio, on a vite fait de s’embrouiller et de mettre Tony Estanguet au kayak. Non, malheureux ! Le nouveau membre français du CIO a été triple champion olympique de canoë. En canoë-kayak, il faut choisir son camp : amérindiens ou inuits ? Les premiers se servaient d’une pagaie simple (canoë) pour descendre les rivières, quand les seconds préféraient une double (kayak). Attention à ne pas confondre non plus avec le canoë-kayak en ligne, qui se pratique sur le même bassin que les compétitions d’aviron. Oui, c’est compliqué les Jeux.
Pourquoi on peut se laisser avoir
Parce que les images rafraîchissantes, parce que c’est la lutte de l’homme contre les éléments –même si à Rio, le bassin est artificiel, comme souvent lors des JO. Parce que la France y brille souvent. Émilie Fer en est la championne olympique en titre chez les femmes, Benoît Peschier l’a été en 2004. Bref, comme dirait Laurent Luyat : “On a des chances de médailles.” Apprenez donc à retenir les noms de Sébastien Combot et Marie-Zélia Lafont.
La petite histoire
Le 12 août 2008, le Togo obtient la première médaille de son histoire olympique. Une performance inattendue pour un pays qui ne dispose d’aucun bassin, mais qui s’explique quand on connaît le parcours du médaillé (de bronze) en question. Né à Lagny-sur-Marne, Benjamin Boukpeti s’entraîne à Toulouse et n’a mis qu’une fois les pieds dans le pays de son père. Face à la très forte concurrence pour la seule place disponible pour les JO côté français, il opte pour le Togo, où il sera reçu en héros à Lomé par la population et le président du pays pour fêter pendant plusieurs jours cette breloque inattendue. Plus fou encore, Boukpeti sera même invité à dîner chez Emmanuel Adebayor. Une légende togolaise, donc.
C’est quand ?
Le mercredi 10 août pour les hommes, le 11 pour les femmes.
3 – Le pentathlon moderne
C’est quoi ?
Rénovateur des Jeux olympiques, le baron Pierre de Coubertin, on le sait, penchait à droite et préférait voir les femmes en cuisine plutôt que sur les terrains de sport. On l’ignore davantage, mais il est aussi le papa du pentathlon moderne. À l’origine, le pentathlon antique rassemblait des épreuves de course, de saut, de javelot, de disque et de lutte. Coubertin l’adapte à son époque et l’introduit au programme de ses JO, en 1912. Au menu : des épreuves de pistolet, d’escrime, de natation, d’équitation et de cross. Il s’agit pour lui de mettre en avant “les qualités mentales, physiques et le talent d’un homme, faisant de ce dernier un athlète complet”. Ou d’un soldat complet à deux ans de la Grande Guerre, si vous préférez. Souvent menacé d’être écarté du programme olympique, le pentathlon bénéficie encore de la protection posthume de son créateur.
Pourquoi on peut se laisser avoir
Parce qu’on a un mauvais esprit et que l’épreuve d’équitation est sans doute la plus grande loterie des JO. Les pentathlètes ne disposent pas d’une monture attitrée mais récupèrent un cheval après un tirage au sort. Ils disposent alors de 20 minutes pour l’appréhender. Et parfois, un canasson récalcitrant peut vous ruiner quatre ans d’entraînement et vous foutre la honte en mondovision.
La petite histoire
La compétition par équipes des Jeux de Montréal en 1976 est le théâtre d’une des tricheries les plus fameuses du sport. Lors de l’épreuve d’escrime, Boris Onishchenko enchaîne les touches gagnantes. Au départ, personne ne s’étonne, le Soviétique étant réputé pour être un redoutable épéiste. Mais son adversaire britannique s’énerve de le voir marquer alors qu’il n’a même pas été touché. Des doutes confirmés lorsque le voyant de ce dernier s’allume encore alors que sa lame est en l’air et à bonne distance de son opposant. L’arbitre confisque son arme et y découvre ainsi, sous le grip de la poignée, un système discret équivalent à un interrupteur, qui déclenche la lampe de l’arbitre. Onishchenko et son équipe sont disqualifiés. À son retour au pays, le tricheur est renvoyé de l’Armée rouge et devient chauffeur de taxi à Kiev.
C’est quand ?
Le vendredi 19 août pour les femmes, le 20 pour les hommes.
4 – La nage en eau libre, dix kilomètres
C’est quoi ?
Sport olympique depuis Pékin en 2008, le 10 000 mètres nage libre est le marathon de la natation et une énigme pour le nageur du dimanche qui agonise après deux longueurs de piscine municipale. Et encore, le CIO a préféré retenir le dix kilomètres plutôt que le 25 disputé lors des mondiaux de natation –soit un effort d’environ cinq heures. À Rio, le titre se jouera au large de Copacabana, dans une eau agitée et à la qualité aléatoire.
Pourquoi on peut se laisser avoir
Parce que c’est une folie. Les nageurs sont ravitaillés comme des otaries depuis un ponton avec des bouteilles tendues au bout de perches qu’ils saisissent au vol, en avalent quelques gorgées sur le dos pour mieux repartir en crawl sans perdre de temps. À cela s’ajoutent les coups de coude et de pied aux adversaires. Comme si ce sport n’était déjà pas assez dur. Et puis il y a Aurélie Müller. Championne du monde à Kazan l’an dernier, la Française est l’une des favorites chez les femmes. La distance ne devrait pas l’effrayer puisqu’elle est entraînée par Philippe Lucas, sans doute dans son élément au pays de la tong.
La petite histoire
Quatre ans avant Oscar Pistorius, l’Afrique du Sud envoyait déjà à Pékin, en 2008, une championne avec une prothèse. La comparaison s’arrête là entre le spécialiste du 400 mètres et Natalie du Toit. Nageuse prometteuse, cette dernière est victime à 17 ans d’un grave accident de scooter qui entraîne l’amputation de sa jambe gauche. Mais hors de question d’arrêter la natation, Du Toit remporte cinq médailles d’or lors des Jeux paralympiques de 2004, puis réussit l’exploit de se qualifier chez les “valides” pour l’épreuve du 10 kilomètres quatre ans plus tard. Elle terminera 16e sur 25.
C’est quand ?
Le lundi 15 août pour les femmes, le mardi 16 pour les hommes.
5 – L’omnium
C’est quoi ?
L’omnium? Génitif pluriel du latin omnis (“tout”), soit “de tous”, l’omnium est une épreuve de cyclisme sur piste née en 2007 et introduite aux Jeux de Londres en 2012. L’omnium répond à l’obligation faite par le CIO aux différentes fédérations de réduire le nombre d’athlètes. Exit donc le kilomètre lancé, la course aux points ou la poursuite individuelle, ces disciplines sont incorporées dans ce qui s’apparente à un décathlon pour pistards avec six épreuves : les trois déjà citées auxquelles s’ajoutent le tour lancé, le scratch et la course par élimination. Pigé ?
Pourquoi on peut se laisser avoir
Si la course aux points est aussi compliquée à comprendre que le concept du boson de Higgs, on adore la course à élimination, connue aussi sous le nom d’“australienne”. Le principe est simple: un sprint est disputé tous les deux tours et à chaque fois, le dernier est éliminé. Limpide, spectaculaire, “L’australienne” ne demande pas d’aller vite mais d’être malin. Pour s’économiser, il vaut mieux ne pas viser la victoire à tous les sprints, tout en évitant de trop jouer avec le feu, au risque de passer à la trappe. À Rio, il devrait y avoir des étincelles sur la piste avec le duel entre Mark Cavendish et le Colombien Fernando Gaviria, la nouvelle pépite du sprint mondial. Comme un avant-goût des emballages du prochain Tour de France.
La petite histoire
À Londres, Bryan Coquard a bien failli devenir le premier champion olympique de l’omnium. À deux épreuves de la fin, le Français est à la lutte avec le Britannique Edward Clancy, l’Italien Elia Viviani et le Danois Lasse Norman Hansen. Lors du scratch (une course de quinze kilomètres en peloton), ce dernier chute à 43 tours de l’arrivée. On le croit hors du coup pour le podium, mais il revient sur ses concurrents malgré une cuisse bien abîmée, et parvient à prendre la 3e place. Hansen s’imposera lors de la dernière épreuve –le kilomètre– et devancera Coquard. Par la suite, sa carrière sur route sera beaucoup moins probante que celle du sprinteur de Direct Énergie.
C’est quand ?
Le lundi 14 et mardi 15 août pour les hommes. Le 15 et 16 août pour les femmes.