Le nouveau Woodstock

Coincé entre les docks de la ville de Cape Town et le flanc de la montagne Devil’s Peak, Woodstock est une ancienne enclave multiraciale ayant échappé à l’emprise de l’apartheid. Un quartier qui s’est réinventé depuis une petite dizaine d’années. Au point de devenir le point de rendez-vous préféré de la jeunesse branchée du Cap occidental.

Il est près de 11h et la jeunesse branchée du Cap s’engouffre dans le Neighbourgoods Market de Cape Town, planté autour d’un bâtiment en brique rouge, une vieille biscuiterie retapée. À l’intérieur du marché, garçons et filles se bousculent d’un stand de designers à l’autre. Sheldon et David, étudiants de l’université de Cape Town, viennent juste d’arriver. Ça doit faire trois ou quatre ans qu’on vient une fois par mois, il y a de la musique, des bons produits, une bonne ambiance, c’est cool!” lâche Sheldon, lunettes de soleil plantées sur le nez. Avant de renchérir, en remuant son milkshake avec une paille, l’air gêné: “Mais ne me demande pas à quoi ressemblait le quartier il y a dix ans, je n’y aurais jamais mis les pieds.” Et pour cause: jusqu’au milieu des années 2000, cette zone, rongée par la criminalité et le trafic de drogue, traînait une sale réputation…Les choses ont bien changé depuis que la ville de Cape Town a fait de Woodstock une zone de développement prioritaire (UDZ), en 2007. Grâce à un système d’allègement fiscal, des investisseurs sont arrivés et les infrastructures ont été largement rénovées.

Loin de la foule, Noël Small, sexagénaire, réalise des cadres dans un atelier installé à deux pas de la biscuiterie, depuis près d’un demi-siècle. Il a assisté à cette transformation du quartier, dont il connaît l’histoire par cœur. À la fin du XIXe siècle, Woodstock était une station balnéaire, pose-t-il. Dans les années 50, il y avait beaucoup de Juifs dans le quartier, ils étaient propriétaires des bâtiments. Ensuite, c’est devenu un quartier très industriel, il y avait cette biscuiterie, mais aussi des usines de textiles. Puis, les Juifs sont partis pour s’installer dans de meilleurs quartiers sur la côte –Sea Point par exemple–, et les Coloureds et les Noirs sont venus s’établir ici, à leur place. C’est devenu un quartier multiracial.” Noël, lui même, n’est pas de Woodstock. Il a grandi à District 6, un quartier qui se trouvait un peu plus loin dans le centre-ville. “District 6 a été détruit, malheureusement… Alors que Woodstock s’est réinventé.”

Le fameux Neighbourgoods Market, à Cape Town.
Le fameux Neighbourgoods Market, à Cape Town.

Aujourd’hui, en effet, Woodstock connaît un indéniable renouveau. Surplombant la cohue du marché, le Test Kitchen, le resto gastronomique du chef Luke Dale Roberts mélange toutes les influences culinaires sud-africaines. Un peu plus loin sur Albert Road, un grand bâtiment noir et jaune fait figure d’incubateur pour les jeunes designers, réalisateurs ou entrepreneurs. “Il y a une file d’attente pas possible pour avoir son stand sur le Neighbourgoods Market. En quelques années, Woodstock est devenu un quartier hyperénergique et stimulant pour la jeunesse du Cap”, commente Matthew, vendeur d’une marque de jeans locale. Lui aussi installé sur le marché, Travis, 24 ans, vend des paires de chaussettes multicolores: “Tous ces changements stimulent le quartier, les choses changent.”

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Par Arthur Cerf / Photos : Arthur Cerf