Eve Babitz, Sun Woman

Amante de Jim Morrison, d’Ed Ruscha ou d’Harrison Ford, protégée de Grover Lewis, muse du château Marmont, Eve Babitz était “une petite blonde de 18 ans de Sunset Boulevard. [Elle est] aussi écrivain.” Gallmeister vient de traduire son deuxième roman : Jours tranquilles, brèves rencontres.
© Sol Babitz

18 octobre 1963, Pasadena Art Museum de Los Angeles. Il est tôt quand arrive en voiture une jeune fille d’à peine 20 ans, les yeux bouffis d’alcool et le geste lourd. Quelques heures avant, elle sirotait du champagne avec le L.A. mondain à la soirée d’ouverture de la rétrospective consacrée à Marcel Duchamp. Mais elle n’a pas passé une bonne soirée : elle a trop bu, de rage, vexée de ne pas avoir été conviée au vernissage VIP, qui s’est déroulé quelques jours auparavant. Walter Hoops, curateur de l’exposition et accessoirement amant de 11 ans son aîné, a omis de l’inviter. Contrairement à Andy Warhol et Dennis Hopper. De toute façon, Walter ne répond plus à ses appels depuis que sa femme a débarqué. Sauf qu’aujourd’hui, elle, Eve Babitz, ingénue à peine sortie du lycée, a rendez-vous avec Julian Wasser, photographe au Time. Il n’est pas plus de 8h30 mais il fait déjà plus de trente degrés dans la salle principale, où il l’attend. À ses côtés, Marcel Duchamp tout de noir vêtu, au beau milieu de sa propre rétrospective, assis devant un jeu d’échec sur une table en bois. La jeune fille est invitée à s’asseoir face à l’auteur de Nu descendant un escalier et à enlever ses vêtements. Pour une partie d’échec. La photo est prise ; représentative de la révolution artistique de Duchamp, elle deviendra iconique. Eve s’en fout, elle sait à peine qui est ce Français avec qui elle parle de L’oiseau de Feu de Stravinsky – son parrain – pendant qu’il lui inflige trois échec et mat d’affilée. Elle tient sa revanche.

NUDE PONDERING HER NEXT MOVE Eve Babitz, chessboard, and Marcel Duchamp, 1963. © Julian Wasser
NUDE PONDERING HER NEXT MOVE Eve Babitz, chessboard, and Marcel Duchamp, 1963. © Julian Wasser

Vera Stravinski leur apprend à manger du caviar

Si elle devient “the nude girl” un peu par hasard, Eve Babitz n’était certainement pas destinée à rester dans l’ombre bien longtemps. Née sur Bronson Avenue à Hollywood, d’un père premier violon de l’orchestre de la 20th Century Fox, Eve va à pied au lycée chic d’Hollywood High, où elle fume des joints avec les enfants de l’élite bobo. Dans ce Los Angeles “charmant où les lupins violets et les coquelicots rouges fleurissent sur les collines”, les deux filles Babitz “ont la liberté de descendre Hollywood Boulevard pour glisser leurs mains dans les traces de Marilyn Monroe”, se souvient aujourd’hui Mirandi, la cadette. Le week-end, leurs

Dans la vie de tous les jeunes hommes, il y a une Eve Babitz. Généralement, c’est Eve Babitz
Earl McGrath

parents les emmènent pique-niquer avec Charlie Chaplin et Greta Garbo. Vera Stravinski leur apprend à manger du caviar. Pendant que les sœurs bronzent à Venice, leur mère dessine au crayon les détours des buildings de Los Angeles. Cette ville qui obsédera les Babitz, et que Mirandi décrit aujourd’hui comme on parlerait de Paris dans les années 20 : “C’étaient plein dintellectuels, dartistes, de musiciens, de fêtes et dalcool. Oui, un Paris des années 20 délocalisé à Nice pour la météo.”  Avant même de quitter le lycée, Eve est l’une de ces it-girls dont les histoires commencent toujours par “J’étais là par hasard et jai rencontré Machin”. Mais elle n’est jamais vraiment là par hasard : elle est belle, voluptueuse, lit Virginia Woolf, a une tendance à dire oui à tout et un don pour reconnaître le talent. Le succès de Bret Easton Ellis, celui des musiciens Jim Morrison et Michael Franks, elle les avait vu venir. La rencontre Frank Zappa et Salvador Dalí, c’est elle. Quand arrivent les années 60, elle est déjà – selon la formule de Vanity Fair – une “Edie Sedgwick coupée avec Gertrude Stein avec un peu de Louise Brooks”. Comprendre une groupie professionnelle, moins bête qu’elle en a l’air, dont tous les garçons un peu intelligents tombent éperdument amoureux. Elle est la Lolita de toutes les coming-of-age story du coin, la Penny Lane de tous les groupes de rock en ville. L’amante de Jim Morrison, d’Ed Ruscha, ou d’Harrison Ford. Earl McGrath, ancien directeur de Rolling Stone Records, résume le personnage ainsi : “Dans la vie de tous les jeunes hommes, il y a une Eve Babitz. Généralement, cest Eve Babitz.”

Écrire pour le plaisir

Aujourd’hui, on ne croise plus l’ancienne muse au bar du château Marmont. Même pour parler de ses cinq romans. Victime dun très grave accident en 1997, Eve Babitz vit recluse depuis dix ans, ne parle quasiment à personne, ne sort quasiment pas de chez elle et alterne visiblement des phases de bonne humeur et de dépression. En plus, elle ne possède pas dadresse e-mail”, pose d’emblée Gallmeister, l’éditeur Français de Jours tranquilles, brèves rencontres. Si désormais, elle n’écrit plus et que ses romans sont presque introuvables aux États-Unis, Babitz a su très en amont s’attirer de respectables admirateurs. Depuis qu’elle lui a écrit une courte lettre en 1961 – “Dear Joseph, je suis une petite blonde de 18 ans de Sunset Boulevard. Je suis aussi écrivain.” – Heller, l’auteur de Catch-22, est fan. Finalement, c’est Grover Lewis de Rolling Stone qui lui offre sa première publication, impressionné par le style de celle qui restera l’une de ses protégées. Puis vient 1974 et son premier roman, sobrement intitulé Eves Hollywood. Le New York Times l’adoube – “Babitz écrit avec la douloureuse urgence de l’adolescence et la perspective lucide d’une femme plus mature” – alors que le Los Angeles Times y voit une “Madame de Sévigné transposée au

Les gens avec un cerveau sont à New York, ceux avec un visage sont à l’Ouest
Eve Babitz

château Marmont, déjeunant, aimant et pleurant à Hollywood, ce Versailles des temps modernes”. On la compare à Nathanael West et Joan Didion pour le décor californien, à Scott Fitzgerald “dans l’élégance du phrasé, dans l’apparente simplicité qui font le style, et cette capacité à capturer une ambiance et une époque dans des livres qui ne vieillissent pas”, remet aujourd’hui son éditeur français Philippe Beyvin. De l’air du temps, Eve avait déjà les références pop culture (“Venice ressemblait cet été-là à une toile de Hopper”) et un sens inné de la punchline (“Le seul moment où les hommes tombent amoureux des roses, c’est dans les publicités pour les poires vaginales”). Pourtant, Los Angeles n’est pas une ville d’écrivain et Eve ne sait pas vraiment pourquoi elle écrit. D’ailleurs, quand on lui demande comment elle s’y prend, elle répond en souriant : “À la machine à écrire les matins où il ny a rien dautre à faire.” La tradition littéraire américaine réside plutôt sur l’autre côte, à New York où se croisent à l’époque Kerouac, Ginsberg et Burroughs. Selon ses propres mots : “Les gens avec un cerveau sont à New York, ceux avec un visage sont à lOuest.” Mais Hollywood, cette industrie qui a avalé nombre d’écrivains de talent, jusqu’à tuer Scott Fitzgerald, plaît à Eve. Elle y aime la chaleur, “cette immuable, maussade et détestable uniformité”, “ce temps de tremblement de terre”. D’après elle, “les gens qui aiment Los Angeles sont des gens sensuels”.

La facilité ne peut s’encombrer de la célébrité

Quand, en 1977, Jours tranquilles, brèves rencontres paraît, Eve a choisi une vie facile, elle ne cherche pas vraiment à réussir. Elle a 34 ans, prend du Quaalude pour se détendre, a beaucoup d’amis dépressifs. Le journaliste Dave Hickey explique à Vanity Fair pourquoi Eve n’est jamais devenue Fitzgerald : “Elle est souvent sous-estimée parce que son style est tellement serein. Il ny a jamais une hésitation.” Lorsqu’elle écrit, tout paraît trop facile. Alors, Eve se contente de raconter ses journées, ses soirées, ses amants, ses théories. Entre autres : “Je pense que l’adultère est un art. En France, ils jouent plus ou moins cartes sur table et ennoblissent les liaisons amoureuses en tant qu’aventures créatives car pour la plupart des gens, ce sont les seules aventures créatives qu’ils vivront de leur vie.” Si elle n’a jamais pris sa carrière d’écrivain très au sérieux, en amour, Babitz a fait le tour de la question. D’ailleurs, elle est seule. Mais seule par choix, l’un de ceux qu’elle raconte dans ces mémoires déguisées en nouvelles : “En roulant vers chez moi, dos à la gigantesque chauve-souris orange du coucher de soleil à l’est d’Olympic Boulevard, à l’heure de pointe, je décidai que trop c’était trop – je me contenterais des couchers de soleil de Los Angeles et cesserais de chercher ce quelqu’un qui ne me dérangerait pas.”

© Laurie Pepper (se trouvent sur cette photo, au premier plan, les parents des sœurs Babitz, Sol et Mae ; à côté d'Eve Babitz, le célèbre jazzman Art Pepper – marié à la cousine des sœurs Babitz – et à sa droite, le musicien Harry Lubin)
© Laurie Pepper (se trouvent sur cette photo, au premier plan, les parents des sœurs Babitz, Sol et Mae ; à côté d’Eve Babitz, le célèbre jazzman Art Pepper – marié à la cousine des sœurs Babitz – et à sa droite, le musicien Harry Lubin)

L’ancienne it-girl des soirées privées ensoleillées n’est donc jamais devenue aussi connue que ceux qu’elle fréquentait. Vingt ans avant qu’arrive 1997 et l’accident de voiture qui lui fera renoncer à la compagnie du monde, elle avait déjà tiré un trait sur la question, sans regret : “Jai compris que ce quil y avait de véritablement affreux avec le succès est quil ait représenté durant toutes ces années ce qui viendrait tout arranger.” “Je ne suis pas devenue célèbre, mais je men suis suffisamment approchée pour sentir les relents du succès. Ça sentait le tissu cramé et les gardénias rances.”

 

Par Hélène Coutard

PUNCH

Let’s get ready to rumble, again ?

Voilà, c’est fini. Floyd Mayweather est reparti de Las Vegas en faisant la gueule, mais avec toute sa money et ses trois ceintures de champion du monde. Malgré la défaite, Manny Pacquiao, lui, a gardé le sourire jusqu’au bout. Peut-être parce qu’il sait qu’au-delà du verdict des juges, c’est toute la boxe qui ressort grandie d’un tel événement. Et tant pis si ce “combat du siècle” n’a pas tenu toutes ses promesses, loin de là. Dans cette nouvelle période dorée que vit le noble art, il suffit d’attendre le prochain…
Deontay Wilder est prêt à prendre la relève.

Depuis la glorieuse époque des Tyson, Holyfield, Lennox Lewis ou Prince Nasseem Hamed, la boxe se cherchait une nouvelle équipe d’Avengers capable de faire exploser les pay-per-view des grands networks américains. Certes, il y a Bernard Hopkins et ses 50 printemps qui ambiancent toujours le “boxe jeu” depuis sa victoire contre Roy Jones en 1992, nos “Super-Français”, Jean-Marc Mormeck et Brahim Asloum, ou même les frères Klitschko, dont l’éventuelle confrontation a fait fantasmer le public sans jamais se concrétiser. Des évènements qui sonnent comme autant de sursauts d’intérêt médiatique pour la boxe. Mais sans grande intensité. Pourtant, la vérité est là, puissante comme un crochet du gauche en contre : dans le sillage de ce Mayweather-Pacquiao attendu depuis presque huit ans, ce frisson qui vous sillonne le corps lorsque vous assistez à un grand combat vaut à nouveau le coup de mettre son réveil au beau milieu de la nuit. N’en déplaise à ce bon vieux Don King, qui sucre les fraises depuis bien trop longtemps, le noble art s’est refait une santé. La preuve par quatre.

Krusher Vs Superman

Adonis Stevenson aka Superman.
Adonis Stevenson aka Superman.

Oui, Superman est canadien. Et alors ? Mieux, il est même né à Port-au-Prince, en Haïti, ne porte pas de lunettes et n’a pas besoin de trouver une cabine téléphonique pour enfiler son costume. Son nom, c’est Adonis Stevenson. À côté de lui, Clark Kent est un loser. On parle quand même d’un type qui, avant d’embrasser la carrière de super-héros, a pris 18 mois de prison pour proxénétisme et violence dans le quartier d’Anjou à Montréal. Sans doute défoncé à la kryptonite, il battait régulièrement ses prostituées, infligeant même à certaines des sévices insoutenables. Champion WBC des mi-lourds, à 37 ans, Stevenson rêve désormais d’unifier la catégorie en s’occupant d’un autre client, le Russe Sergey Kovalev, aka Krusher, détenteur des ceintures WBA, IBF et WBO depuis qu’il a calmé Hopkins le 8 novembre 2014 à Atlantic City. Un combat qui, s’il se confirme, pourrait donc déchaîner ces dames autant – voire plus – que ces messieurs.

Miguel « The Angel » Cotto

Il a morflé, David Trezeguet.
Il a morflé, David Trezeguet.

Avec sa tronche d’icône gay tout droit sortie d’une pub pour une marque de slip sud-américaine, difficile de croire que Miguel Cotto a fait carrière dans la distribution de mandales. Pourtant, ce Portoricain de 34 ans détient actuellement la ceinture WBC des poids moyens. Son quatrième titre mondial, glané après qu’une cruelle défaite face à Floyd Mayweather en super-welters l’a poussé à changer de catégorie de poids. Par le passé, Cotto avait déjà fait l’ascenseur à trois reprises (dont une fois suite à une défaite contre Manny Pacquiao), pour autant de ceintures à la clé. Il est d’ailleurs le premier boxeur portoricain de l’histoire à réussir cet exploit. Et c’est sans doute parce qu’il a toujours su dompter la balance que Miguel Angel a investi ses millions dans une fondation visant à lutter contre l’obésité sur son île.

Le Rocky Balboa 2.0

Danny Garcia est “The Swift”
Danny Garcia est “The Swift”.

Born and raised in Philadelphia. Danny Garcia a, lui aussi, longtemps rêvé de titre mondial en grimpant les marches du musée des Beaux-Arts de la ville chère à Rocky Balboa. Invaincu en 30 combats, vainqueurs par K-O à 17 reprises, “The Swift” s’est tranquillement installé parmi les boxeurs “frisson” de sa génération, à 27 printemps seulement. Tout comme Mayweather avant lui, il est drivé par son père, Angel Garcia. Un homme qui a choisi de faire monter le fiston sur un ring dès son dixième anniversaire, soit l’âge minimum requis par la loi en vigueur dans l’État de Pennsylvanie. Actuellement détenteur des ceintures WBA et WBC, Danny Garcia pourrait même passer des super-légers aux poids welters, histoire de tenter sa chance face au “Pretty Boy” Floyd. Dans sa vidéothèque poussiéreuse, Rocky Balboa peut enfin reposer en paix. Et c’est tant mieux.

Plus fort que Mike Tyson ?

Deontay Wilder.
Deontay montre les muscles.

Deontay Wilder est un homme en colère. Natif de Tuscaloosa dans l’Alabama, “The Bronze Bomber” – surnom reçu après sa médaille de bronze aux JO de Pékin – affiche un ratio K-O/victoires de 96% et 33 victoires (dont 32 mises au tapis) en 33 combats, dont 18 survenues dans le premier round. Une machine. Mais Deontay Wilder, c’est surtout ce monstre du bayou qui a permis aux États-Unis de reconquérir un titre mondial en poids lourds, après neuf longues années de disette : le titre WBC, soit le seul qui n’appartient pas à Vladimir Klitschko. Forcément, face à une telle démonstration de force, toute la planète boxe espère que l’Ukrainien – qui vient tout juste de défendre ses quatre ceintures (IBF, WBA, WBO et IBO) en terrassant Bryant Jennings, samedi dernier, au Madison Square Garden – acceptera le défi lancé par ce nouveau phénomène qui fait trembler la catégorie reine. Car oui, Deontay Wilder, son quintal, son double mètre et son masque, mi-carnaval vénitien, mi-MF Doom, avec lequel il rentre sur le ring, ont largement de quoi faire (enfin) tomber l’ogre Klitschko. Dans un énième “combat du siècle”, soyez-en sûrs.

Par Paul Bemer

PUNCH

Mayweather-Pacquiao, le lexique du combat

Avant de se lancer dans le "combat du siècle" à corps perdu, mieux vaut se renseigner sur les termes qui le régissent.

La boxe : sorte de bagarre de Russes sur YouTube mais avec des règles de gentlemen.

Le direct : coup de poing dans la gueule.

Le crochet : coup de poing dans la gueule. Mais par le côté.

Le swing : coup de poing dans la gueule. Mais par le grand côté.

L’uppercut : coup de poing dans la gueule. Mais par le menton.

Le jab : coup de poing dans la garde.

La garde : meurt mais ne se rend pas.

La remise : application stricte de la loi du talion.

K-O : contraire de O.K.

Le K-O cérébral : cf. David Hasselhoff qui mange un burger à 4h du matin.

KebXDo

L’arbitre : mec qui prend les décisions, vêtu comme s’il allait au mariage de sa belle-sœur.

L’esquive : mouvement permettant d’éviter un coup. A permis à Kechiche de rafler quatre César.

Le round : période d’essai de trois minutes renouvelable.

Les chaises pliables : premières loges.

Le break : allégorie du divorce où l’arbitre (le juge aux affaires familiales) donne l’ordre aux deux combattants (les époux) de se séparer.

Le gant : abri à main. Souvent par paire.

Le pressing : lavage de cerveau.

Une touche : caresse qui compte.

Le cross : collision frontale entre deux poids lourds.

Jeté de serviette : lance les hostilités chez Patrick Sébastien, y met fin sur le ring.

La conférence de presse : “Je te tiens tu me tiens par la barbichette, le premier qui rira aura une tapette” sans tapette.

La corde à sauter : victoire de l’homme sur la fillette.

Le sparring-partner : punching-ball humain.

Le une-deux : crochet gauche dans la gueule – crochet droit dans la gueule.

La faute : quand la boxe redevient une bagarre de Russes sur YouTube.

Sauvé par la cloche : quand un boxeur en grande difficulté est sauvé par la fin d’un round. C’est à ce moment-là que la cloche entre en scène avec une pancarte dans les mains.

La feinte : simulation. Technique de footballeur.

La ceinture : couronne abdominale.

Le protège-dents : airbag buccal.

Le compte : allégorie inversée de la mise au lit d’un enfant. Ici, l’arbitre (le père) compte jusqu’à dix pour que le boxeur (l’enfant) se lève.

L’Oreille cassée : aventure de Tintin, mésaventure d’Evander Holyfield.

vg

La maladie de Parkinson : complément retraite.

Le ring : poste de travail.

Les muscles : outils de travail.

L’Américain : sandwich comprenant du steak hâché et des frites.

Le Philippin : prédécesseur du Philippe II.

Arrêt de l’arbitre : décision de stopper le combat lorsqu’un des deux boxeurs se vide de son sang ou titube comme s’il sortait d’un bar PMU à 23h après y être entré à 14h30.

Par Matthieu Pécot, Michaël Simsolo et Noémie Pennacino

PUNCH

Comment être aussi frais que Mayweather et Pacquiao à 3h du matin

Parce que tout le monde n'a pas la chance d'être insomniaque, Society vous offre des conseils avisés afin de dompter la fatigue et les 12 000 chaînes du câble.

Samedi

12h40 : huit heures de sommeil pur, 40 minutes de snooze, le moment est venu de quitter ce matelas et de brosser ces dents qui sentent le vendredi soir. Compensez le chagrin d’avoir raté la finale des Z’amours en vous offrant dix minutes des Douze coups de midi avec Jean-Luc Reichmann sur TF1.

13h : si vous croisez votre silhouette dans le miroir de votre salle de bain, laissez-vous aller à une petite démonstration : jab, direct, uppercut, crochet du gauche. Regard noir. À côté de vous, Vincent Cassel est une mauviette. Pensez néanmoins à essuyer le dentifrice collé sur votre menton et demi.

13h30 : un grand rayon de soleil dehors ? Bullshit (foutaises). Organisez un parcours dans ce 30 mètres carrés de manière à y faire votre footing : quelque 600 tours de table basse peuvent faire l’affaire.

14h : prière de prendre une douche merci. Si vous croisez Vincent Cassel, ne vous laissez pas intimider et dites-lui que oui, c’est à lui que vous parlez.

14h30 : mangez des pâtes. Feuilletées, brisées, sablées, peu importe. Paraît que c’est comme ça que les champions s’alimentent. Et si votre smoothie de blancs d’oeufs a du mal à passer,  rassurez-vous devant Cauchemar en cuisine sur Paris Première.

15h : vous méritez bien cette pause canapé. L’appel de la sieste vous fait zapper sans réfléchir. Jusqu’à ce qu’un programme proposé par RMC Découverte vous interpelle : Les bûcherons du marais. Passez votre chemin, pensez à votre influx nerveux. Le combat débute dans moins de quinze heures.

15h05 : la curiosité étant votre joli défaut depuis que vous avez laissé la gourmandise prendre le contrôle de votre vie, vous décidez quand même d’y jeter un œil. Déception, il ne s’agit pas d’un documentaire sur les Village People, mais bien d’une émission sur de vrais bûcherons, dans un vrai marais.

15h15 : rraaaah vous hésitez. TF1 vous titille avec La dernière prétendante, son “téléfilm de suspense” sans suspense. Mais prenez plutôt en marche le train du marathon Faites entrer l’accusé sur France 2. Une valeur sûre. Et c’est pas les frères Jourdain qui diront le contraire.

17h : qu’aurait été Mike Tyson sans Don King, Rocky Balboa sans Mickey Goldmill ou Georges-Alain Jones sans Matthieu Gonet ? Pas grand-chose. Puisque les vertus du travail d’équipe vous ont visiblement échappé, coltinez-vous 55 minutes de Tous Ensemble, présenté par Marc-Emmanuel sur TF1.

18h : un petit creux ? Ouvrez un paquet de noix de cajou, ce trait d’union entre l’après-midi et la soirée. Accordez-vous une parenthèse d’une demi-heure sur OFIVE, le temps de voir trois fois Actin Crazy d’Action Bronson. L’atmosphère aidant, retirez votre peignoir et faites une série de trente pompes.

18h30 : ben voilà, vous avez raté la première mi-temps de Clermont-Toulon sur France 2. De toute façon, c’est le RCT qui va l’emporter, vous le savez depuis le début. Profitez de ce manque de suspense pour vous poser une vraie question : si Manny Pacquiao (1,69 m, 65 kg) et Floyd Mayweather (1,73 m, 68 kg) croisent dans la rue Mathieu Bastareaud (1,83 m, 120 kg) et Bakkies Botha (2,02 m, 124 kg) et que le courant ne passe pas, qui gagne ?

23h12 : vous vous étiez promis de tenir le coup mais le sommeil est une maladie qui frappe sans prévenir et à côté de laquelle l’AVC est une récréation. Bref, vous avez la marque du coussin sur la moitié du visage et douze appels en absence. Mais surtout énormément faim. La facilité est de se tourner vers l’option bol de céréales mais vous n’avez plus 12 ans et plein d’idées. Va pour un coq au vin. Ou un sandwich Apéricube/blanc de dinde selon ce que vous propose votre frigo. Oubliez le coq au vin. Et remplacez les Apéricube par de la mayo KFC.

 

Dimanche

0h : Ding dong, c’est l’heure du journal du hard sur Canal+.

0h15 : Puisque Le Baiser d’Ovidie avec Tiffany Doll et Madison Young, vous l’avez déjà vu, filez sur M6 découvrir cette énième série de flics au soleil qui porte le nom du Skyblog que vous aviez lancé en 2003 : Hawaii 5-0 (vous habitiez dans la Manche à l’époque). Deux étoiles Télé Loisirs, quand même.

0h30 : Les Simpson sur W9. Ça faisait longtemps.

1h45 : À cette heure-là, le service télévisuel a décidé de vous emmerder. Allez faire un tour du côté des chaînes que vous n’avez pas, enfin pas toujours, enfin ça dépend, parfois sans faire exprès vous tombez dessus et ça marche sans que vous sachiez comment ni pourquoi. L’incroyable famille Karsashian, sur E!. C’est parfait. Ça vous réconciliera peut-être avec l’hypnose.

1h46 : À votre avis, c’est Bakkies Botha.

2h : Le timing va être serré mais sur beIN Sport 1, il y a le match 7 du premier tour des play-offs entre les Clippers et les Spurs. Avec un peu de chance, Kawhi Leonard va plier ce ringard d’albinos de Blake Griffin en une mi-temps et vous allez pouvoir arriver à l’heure à votre rendez-vous du siècle.

3h: au fait, avez-vous vérifié que vous aviez bien Ma Chaîne Sport ?

 

Par Matthieu Pécot, Noémie Pennacino et Michaël Simsolo

PUNCH

Jean-Marc Mormeck : “L’argent ne peut plus pourrir ce combat. C’est déjà fait”

Plus que quelques heures avant ce qui se présente comme “le combat du siècle” entre Floyd Mayweather et Manny Pacquiao, à Las Vegas. Fer de lance du noble art hexagonal durant les années 2000, Jean-Marc Mormeck sera bien sûr au rendez-vous. Et il a forcément un avis sur la place de ce combat dans l'histoire de la boxe.
Jean Marc Mormeck est sur le toit.

On entend partout l’expression “combat du siècle”. C’est justifié, selon toi ?

Non, ce n’est pas le combat du siècle. Déjà, on verra une fois que ce sera terminé. C’est un combat qui peut s’arrêter au premier round comme au neuvième, donc parler de combat du siècle avant que les deux ne montent sur le ring… Attendons. En revanche, c’est le marketing du siècle. Ce sont deux mecs qui pèsent dans le milieu de la boxe, il y en a un qui est invaincu, il a battu tout le monde. Et l’autre a été très, très fort. C’est un combat très attendu, et c’est normal. Les deux ont quelque chose à perdre, au fond. Les anti-Mayweather, qui lui reprochent son insolence, veulent le voir perdre. Si Pacquiao gagne, il devient un monument. Et surtout, ça annoncerait une revanche. Ça va être un beau combat, c’est sûr qu’il faut le suivre. Tout le monde en parle, même ceux qui n’ont pas plus d’intérêt que ça pour la boxe. Moi qui regarde en général des combats ça seul chez moi, je vais aller chez des amis. Mais il ne faut pas oublier que Pacquiao est malgré tout sur la pente descendante. Cinq ans en arrière, ça aurait pu effectivement être le combat du siècle. Bon, l’avantage, c’est que l’argent ne peut plus pourrir le combat, c’est déjà fait. Les sommes dont on parle sont acquises. Quoi qu’il arrive, ils vont les toucher.

Pourquoi ce combat n’a-t-il pas eu lieu avant alors ?

Le sport, c’est aussi une stratégie. Mayweather, c’est le meilleur boxeur au monde. C’est lui qui a touché le plus d’argent, tous sports confondus. Il a su mettre une stratégie en place pour ne pas faire ce combat quand il fallait vraiment le faire. C’est celui qui a le plus à perdre malgré tout. S’il reste invaincu, il fera partie des plus grands boxeurs de l’histoire. Mais il a fait traîner le truc, il disait plus ou moins que Pacquiao était dopé, il voulait faire des analyses de sang poussées, alors que ce n’était pas à lui de le dire ou de l’exiger.

Pourquoi Pacquiao a-t-il finalement accepté toutes les conditions de Mayweather ?

Je pense qu’il n’était pas en position de négocier ou de dire non. Il est quand même en fin de carrière, il a déjà perdu… Et financièrement, toucher 90 millions de dollars, ce n’est pas négligeable, d’autant qu’on disait qu’il avait quelques problèmes de ce côté-là. Donc si vous dites non, c’est que vous êtes très riche. C’était difficile de refuser.

Voici les deux grands gagnants de l'Euromillion du jour. Ils s'appellent Floyd Mayweather et Manny Pacquiao.
Floyd Mayweather et Manny Pacquiao, toujours le poing levé. Comme Amel Bent.

Techniquement, on peut s’attendre à quel genre de combat ?

Je pense que dans les premiers rounds, deux grands champions comme ça vont s’observer. Il y a un respect, une crainte. Mais après le premier ou deuxième round, ça va se lancer. À n’importe quel moment, il peut y avoir un coup et ça peut s’arrêter.

Les jours avant une telle échéance, est-ce qu’on peut avoir peur ?

C’est monstrueux. Psychologiquement surtout. Pour masquer le truc et dire ce qu’il faut, on dit qu’on a de l’appréhension, mais en réalité, c’est de la peur. Moi en tout cas, j’avais peur. Peur de perdre, qu’on soit plus fort que moi. On est à l’hôtel, avec son entourage. Il nous réconforte, on essaye d’oublier, mais forcément, c’est humain d’y penser. De penser que demain, tout peut s’arrêter, que l’on peut perdre son invincibilité ou au contraire, devenir un roi du ring. Après, tout dépend de l’environnement que l’on a. Mayweather est un peu chez lui. Je pense qu’il a un avantage psychologique. 

À une époque, on faisait des “combats du siècle” à Manille ou au milieu de la jungle, ça avait une autre gueule qu’à Las Vegas…

Ali-Foreman en 1974 à Kinshasa, avec un Foreman dans la force de l’âge qui affronte le champion vieillissant, la grande gueule, c’était magique. Tout ce qu’il y a eu dans ce combat… Le légendaire Don King qui descend en Afrique, qui négocie… Il y avait tout pour faire ça là-bas, avec le côté symbolique des Afro-Américains qui reviennent sur la terre de leurs ancêtres. Ali restera Ali. Il a refusé la guerre du Vietnam, il a vu ses leaders mourir…
Pacquiao-Mayweather, c’est un grand combat, mais surtout marketing, vu les sommes monstrueuses. À Las Vegas, la ville de tous les excès, avec le riche ‘bad boy’ américain qui baigne dans l’argent, c’est cohérent finalement.

Il y a quinze ans, l’effervescence était surtout pour les combats de poids lourds. Aujourd’hui, c’est un combat de légers qui suscite l’attention…

C’est la magie de ce sport. Chez les lourds, on a Klitschko. Il est très fort, c’est un homme d’affaires hors pair. tout ce qu’il fait, il le réussit. Mais il lui manque ce petit plus qu’avait Tyson, par exemple. Ce côté ‘bad boy’, ce charisme qu’il laissait transparaître sur le ring. Ce qu’a Mayweather, même s’il est arrogant.

Par Marc Hervez et Pierre Boisson

VIETNAM

Le pilote qui a vu Saïgon tomber : “Je me souviens de la colère”

Le Vietnam célébrait hier le quarantième anniversaire de la chute de Saïgon. De ce 30 avril 1975, Bob Caron s'en souvient. À 81 ans, il coule ses vieux jours à Fort Walton Beach, une ville de plages de sable blanc et de retraités, au Nord-Ouest de la Floride. Anonyme. Et pourtant, il est l’homme d’une des photographies les plus célèbres de l’histoire : un hélicoptère, posé sur le toit de l’ambassade des États-Unis, évacuant en urgence les derniers Américains du Vietnam. “Je n’oublierai jamais ce jour, dit Bob, d’une voix douce. J’étais le pilote de cet hélicoptère.”
Bob Caron, pilote de l’hélicoptère, a aujourd’hui 81 ans.

Quarante ans après la chute de Saïgon, quel souvenir gardez-vous de cette journée?

De quoi je me souviens ? Je me souviens de la colère. Mon premier sentiment ce jour-là, le 29 avril, quand on a évacué Saïgon, c’était la déception, car j’ai tout de suite compris qu’on allait devoir laisser beaucoup de nos amis vietnamiens derrière, malgré les promesses du président Nixon lors de la signature des accords de Paix en 1973. Avant le 29, on s’était préparés pour l’opération, mais on attendait que l’ambassadeur approuve le plan d’évacuation, ce qu’il n’a pas fait. Jusqu’à la fin, il a pensé que le Sud resterait intact et que les Nord-Vietnamiens ne prendraient pas la ville. Je suis toujours en colère à cause de ça. Pour ne pas avoir pu davantage aider les milliers de Vietnamiens qui ont travaillé avec nous et qui n’ont pas pu s’échapper. Et à cause de cette prise de décision tardive, les employés de l’ambassade n’ont pas non plus eu le temps de détruire les nombreux documents secrets où se trouvaient les adresses des Vietnamiens qui travaillaient pour l’ambassade et la CIA…

Les images de la chute de Saïgon sont celles d’une panique collective. Depuis votre hélicoptère, à quoi ressemblait la ville ?

C’était une scène terrible, terrible, terrible. Cela ressemblait à l’évacuation de Dunkerque par les Anglais pendant la Seconde Guerre mondiale. Ma mission était de récupérer le vice-Premier ministre et sa famille. Quand on a atterri sur le toit très étroit, il y avait une foule énorme. Je me rappelle m’être retourné et avoir dit à mon co-pilote Jack ‘Pogo’ Hunter : ‘Je vais te dire un truc Pogo, ce Premier ministre a une sacrée grande famille.’ Ce n’était pas encore la panique, mais il y avait une grande confusion, une anxiété plus ou moins contrôlée : parmi les milliers de Vietnamiens qui tentaient de fuir la ville, beaucoup étaient venus à l’ambassade américaine en espérant se faire évacuer. Sur le toit, ils étaient assez organisés, quand l’hélico était plein, ils arrêtaient de monter, et on leur disait qu’on allait revenir, encore et encore. J’ai fait trois voyages en tout ce jour-là, pour sauver le plus de gens possible. Dans les rues, il y avait des gens qui couraient partout vers les toits. On a continué jusqu’à ce que la nuit tombe, vers 18h. Après, c’était impossible de se poser.

Sur la célèbre photo, on voit effectivement votre hélicoptère posé sur un toit minuscule. C’était une opération particulièrement difficile ?

C’était risqué. Nos instructeurs avaient repéré dix à quinze toits d’immeuble, tous très étroits. On ne savait pas vraiment à quel point les toits pouvaient résister à la charge, surtout qu’il y avait des milliers de personnes dessus. Le but, c’était donc de réduire la vitesse doucement pour se poser à peine, en gardant suffisamment de puissance dans les hélices pour que la majeure partie du poids de l’appareil ne repose pas sur le toit. On était parmi les meilleurs pilotes du monde. Je crois qu’on a fait un travail extraordinaire ce jour-là. A good job. On n’a d’ailleurs jamais pensé qu’on ne serait pas capables de le faire, on aurait juste aimé avoir plus de temps.

Des Sud-Vietnamiens se pressent sur le toit de l'ambassade américaine pour fuir en hélicoptère.
Américains et Sud-Vietnamiens se pressent sur le toit de l’ambassade américaine de Saïgon pour fuir en hélicoptère.

Quand vous êtes rentré du Vietnam, personne ne savait que vous étiez le pilote de la photo…

Trois photos ont symbolisé cette guerre : celle de mon hélicoptère, celle où le chef de la police sud-vietnamienne, Nguyen Ngoc Loan, a tué dans les rues de Saïgon Bay Lop, soupçonné d’être un Viêt-cong, et enfin la photo de la petite fille qui court nue sur la route en essayant d’échapper à un bombardement au Napalm. Que des photos qui donnent une mauvaise image de notre armée. Je crois que beaucoup de journalistes qui étaient au Vietnam étaient contre la guerre, ça nous a fait beaucoup de mal. Avec mes potes, on savait que c’était l’un de nous sur cette photo, mais on ne savait pas lequel. Je ne l’ai su qu’en 2000, quand une journaliste a retrouvé une photo avec l’immatriculation de l’hélico. J’ai consulté mes carnets de vol et je lui ai dit sur quel appareil je volais ce jour-là. Quelques jours plus tard, elle m’a rappelé, et elle m’a dit. C’était moi. (Il s’arrête, pleure). Excuse-moi, quand je parle de ça, je me laisse un peu dépasser. Mais ça va aller. I’ll be all right.

Vous avez accroché cette photo quelque part chez vous?

J’ai beaucoup de photos accrochées au mur. Une où je suis avec mon hélico Huey au Cambodge, des photos de ma promotion à West Point, une couverture de Life Magazine. J’ai une photo avec le général Norman Schwarzkopf, qui était avec moi à West Point, un grand chef, qui a dirigé l’armée pendant la première guerre du Golfe. En fait, j’ai une peinture de cette photo, que j’ai fait faire à Bangkok il y a de nombreuses années. 

Vous racontez encore cette histoire à vos enfants ?

J’ai une fille, mais elle est occupée, et en fait, elle s’en fout de la guerre. Mais j’ai beaucoup d’amis ici. L’un d’entre eux, Rob, a passé six ans dans une prison à Hanoï. Et Bobby, qui était aussi à West Point avec moi. On est tous vieux. Certains ne sont pas trop en forme. J’ai fait une crise cardiaque l’année dernière, je m’en remets doucement. Mais on tient le coup. On a perdu cette guerre si durement, tu sais. Et il y a tellement de gars qui ne sont jamais rentrés. It is what it is. C’est comme ça. C’est la guerre.

Par Pierre Boisson

ESPACE

Tatiana Medvedeva : “Mars One est un grand pas dans la bonne direction”

Lancé par l’ingénieur néerlandais Bas Lansdorp, le projet Mars One vise à installer une colonie humaine sur la planète rouge à l’horizon 2024. Il serait financé essentiellement par l’exploitation médiatique de l’expédition, façon téléréalité. Si de nombreux spécialistes ont de sérieux doutes sur l’aboutissement de l’opération, Tatiana Medvedeva, présente dans la short list des 100 candidats toujours en lice, y croit fort. Explications.
Tatiana regarde le Soleil depuis la Terre. Pour l’instant…

Où avez-vous grandi ? Quelle est votre histoire personnelle ?

Je suis née en Union soviétique, un pays qui n’existe plus. Et je n’ai jamais vécu plus de six ans au même endroit. Après avoir voyagé et travaillé dans énormément d’endroits, je me considère comme citoyenne du monde, même si, officiellement, je suis toujours russe.

Vous avez étudié en Russie ?

Oui, j’ai obtenu ma licence et mon master à l’Institut de physique et de technologie de Moscou. En parallèle, je travaillais dans un laboratoire de recherche à l’Institut de théorique et de physique expérimentale. Puis, je suis partie aux États-Unis, à l’université de Princeton, où j’ai obtenu un master et un doctorat. Je reste aujourd’hui attachée à cette université en tant que chercheuse post-doctorat, bien que je sois basée au Conseil européen pour la recherche nucléaire (CERN) à Genève. Donc, actuellement, je suis impliquée dans le développement de nouveaux détecteurs de particules.

Vous intéressez-vous depuis longtemps à l’espace ? Vous imaginiez-vous y aller un jour pour travailler ?

Je ne me suis jamais passionnée pour l’espace. En fait, je faisais partie des rares enfants qui ne rêvaient pas d’être un jour cosmonaute. Cependant, il y a quelques années l’Agence spatiale russe a ouvert les inscriptions à des civils pour devenir cosmonaute. À ce moment-là, je me suis dit ‘pourquoi pas ?’ Mais après y avoir réfléchi, j’ai décidé de ne pas le faire car selon moi, tous les projets portés par des agences spatiales gouvernementales sont totalement obsolètes.

Tous les projets portés par des agences spatiales gouvernementales sont totalement obsolètes
Tatiana Medvedeva

Vous savez que le tourisme spatial est le seul moyen pour vous d’aller dans l’espace. Rêviez-vous de gagner au loto pour pouvoir vous permettre ce genre de voyage ?

Je n’ai jamais souhaité devenir une touriste spatiale ni aller dans l’espace pour la gloire. Si je vais dans l’espace, il faut qu’il existe un but plus profond, plus significatif.

Quelle a été votre première réaction quand vous avez eu écho de cette opportunité ?

Encore une fois, je n’ai jamais réfléchi en termes d’opportunité. C’est juste que, cette fois, le projet est constructif pour l’humanité. Les scientifiques ont, en général, une pensée plus globale.

Pas de problème de logement sur Mars. Juste un peu de vis-à-vis.

 

Pour financer le voyage spatial des participants, Mars One est aussi un programme de téléréalité. Quel est votre avis sur là-dessus ?

Tout cela est faux. Mars One n’a rien à voir avec la téléréalité. C’est un projet scientifique, technologique, culturel et philosophique sans précédent. Donc il doit être scrupuleusement documenté et la télé sera l’une des meilleures façons de le faire.

Quel genre d’examens avez-vous dû passer pour être sélectionnée ?

Il y a eu des examens médicaux pour éliminer ceux qui avaient une mauvaise condition physique, des maladies chroniques ou des addictions à l’alcool, au tabac, aux médicaments, etc. Les recruteurs nous ont aussi fait passer des tests psychologiques pour vérifier notre résistance au stress, notre capacité à travailler au sein d’une équipe internationale, à réagir en cas de situation critique. Pour la dernière partie des tests, on nous a donné de la documentation sur la planète Mars : sa formation, ses particularités géologiques, son climat, son atmosphère et ses spécificités, l’histoire de son exploration, etc. L’entretien comprenait aussi des questions psychologiques visant à éliminer ceux qui n’avaient pas réalisé du tout que cette mission était une aventure collective et l’engagement de toute une vie, pas une courte aventure individuelle.

Vous allez bientôt savoir si vous ferez partie de ceux qui iront sur Mars. Êtes-vous nerveuse par rapport à ça ?

C’est un peu tôt pour être excitée. Surtout que même ceux qui seront présélectionnés et engagés par Mars One pour l’entraînement ne sont pas certains de partir où que ce soit. Il y a des années d’apprentissage et d’entraînement avant le départ et il n’y aura que quatre personnes dans le premier vaisseau spatial, pas 24. Un grand nombre d’excellents candidats seront éliminés avant que l’équipe définitive ne soit formée.

De nombreux experts portent des réserves techniques et humaines sur ce projet. Pensez-vous que de trop nombreux risques sont pris ?

Il y a toujours un risque d’insuccès quand on projette de faire quelque chose qui n’a jamais été fait. C’est comme ça que les grands accomplissements commencent. En tant que scientifique, j’ai l’habitude de tout ça. Aussi, de nombreux sports comportent des dangers. Pourtant, les athlètes n’abandonnent pas. Comme un alpiniste ou quelqu’un qui fait de l’escalade, je connais cette sensation.

Comment vous sentez-vous à l’idée de dire au revoir à vos amis et à votre famille ? Vont-ils accepter le fait que vous quittiez une vie normale pour quelque chose de dramatique, peut-être sans retour ?

(Rires) Ma vie n’a jamais été normale alors ce n’est pas le moment pour qu’elle commence à l’être. Et j’ai toujours aimé ça. C’est pour cela que je suis devenue scientifique. Je ne connais pas vraiment l’opinion publique mais mes proches sont plutôt optimistes et curieux à propos de cette mission.

Simple mais efficace.

 

Comprenez-vous que vivre sur une autre planète, dans une communauté restreinte que vous n’avez pas choisie est la définition même du cauchemar pour beaucoup de personnes ? Que leur diriez-vous pour les convaincre ?

Si c’est ainsi que vous imaginez notre avenir… Mais laissez-moi vous rappeler quelque chose : mis à part le fait que tous les candidats partagent la même passion, ils seront répartis dans des équipes basées sur leurs habitudes et leur compatibilité psychologique, puis, passeront des années à s’entraîner ensemble, renforçant ainsi leurs liens d’amitié et leur compréhension mutuelle. Donc, à la fin, l’un de nous devra passer le reste de sa vie avec trois autres personnes qui le connaîtront mieux que son conjoint, ses parents et même ses meilleurs amis. Ça semble plutôt sympa, non ? Ajoutez à ça que cette personne vivra dans un logement confortable avec la plus sophistiquée des technologies, sans jamais se soucier de la politique, de l’économie, des bas salaires, des prêts que l’on doit rembourser, de la nouvelle voiture qu’on doit acheter, des embouteillages, etc. Pour moi, ça ressemble au paradis.

Vous, comme les autres candidats, avez un haut niveau d’éducation et êtes prête à partir. Pensez-vous que les personnes lambda trouvent ça stupide ?

J’ai dit que si le projet retenait l’attention de tant de personnes surdiplômées,

Le futur de notre planète n’est pas très reluisant : nous sommes bientôt à court de pétrole et d’autres ressources
Tatiana Medvedeva

c’est qu’il devait y avoir quelque chose d’important. Tout ce que je peux faire, c’est partager mon opinion et le raisonnement qui m’a conduite à participer à cette aventure. Si l’on interroge vraiment tout le monde : qu’avez-vous fait pour les dix ou vingt générations qui arrivent ? Pourquoi cette question ? Tout simplement parce que le futur de notre planète n’est pas très reluisant : nous sommes bientôt à court de pétrole et d’autres ressources. Le jour du dépassement global (date dans l’année où les ressources renouvelables de la planète pour l’année sont consommées, ndlr) arrive plus tôt chaque année, les signes de réchauffement climatique sont de plus en plus évidents. Toutes ces choses peuvent détruire la civilisation humaine et les solutions pour éviter ça sont, entre autres, de trouver des idées pour renouveler notre propre planète, la Terre, ou trouver une nouvelle maison, une planète habitable, ailleurs.
Malheureusement, tous les dangers ne peuvent être contrôlés par les humains. De puissantes créatures ont déjà habité la Terre avant de s’éteindre. Comme les dinosaures, par exemple. On ne sait toujours pas vraiment ce qu’il leur est arrivé, mais quelque chose de similaire peut nous arriver. Que ce soit une énorme météorite, un âge de glace ou l’explosion d’une supernova. Dans chaque cas, la dispersion de l’espèce humaine sur différentes planètes semble être l’approche la plus sûre pour notre survie.
Est-ce que Mars One répond à tout ça ? Non, certainement pas. Mais c’est un grand pas dans la bonne direction. Les humains devront voyager d’étoile en étoile et peupler des planètes. Et ça passera certainement par des missions sans retour. Donc, voici notre chance de perfectionner notre colonisation dans un nouveau royaume de notre propre système solaire.

Par Vincent Riou

Infiltré

Marathon men

C’était le 12 avril dernier. Pour la deuxième fois, la Corée du Nord ouvrait son marathon aux coureurs “étrangers”. L’occasion, entre deux foulées, de prendre la température de l’État le plus secret du monde.

Un premier coup de feu cinq minutes avant le départ dans le stade Kim Il-sung, sous les acclamations de “fans” mobilisés pour l’occasion par leurs unités de travail et leurs universités. Et un deuxième à 8h30 pile. Voilà les marathoniens lâchés dans les rues de Pyongyang. D’abord un virage devant l’Arc de triomphe, immense, d’une dizaine de mètres plus haut que le monument parisien –il symbolise la résistance aux Japonais et le retour du même Kim Il-sung dans la péninsule, en 1945. Puis une première côte, avant de redescendre l’avenue qui mène jusqu’au monument à l’Immortalité du fondateur de la République populaire démocratique de Corée. Rapidement, les athlètes amateurs sont doublés par une fourgonnette sur le toit de laquelle des mégaphones hurlent messages de propagande et chants révolutionnaires. Après quoi des parachutistes tombés du ciel atterrissent sur la pelouse du stade. La fête version nord-coréenne.

L'envers du décor.
L’envers du décor.

Ces scènes se sont déroulées le 12 avril dernier. Ou plutôt le 12 avril de l’an 104 du Juché, puisqu’ici le temps s’écoule seulement depuis la naissance de Kim Il-sung, le 15 avril 1912. Pour la deuxième année consécutive, la très mystérieuse Corée du Nord a ouvert son marathon aux coureurs étrangers. Ils sont 650 à avoir été séduits. Simon Cockerell, le gérant de l’agence Koryo Tours, qui a fait entrer pas loin de la moitié d’entre eux, estime qu’ils auraient pu être “le double”, si, à l’automne, la Corée du Nord n’avait brusquement fermé ses frontières par peur du… virus Ebola! Qu’importe qu’il n’ait pas touché l’Asie: Pyongyang voulait se protéger de la menace ; en décembre, l’agence centrale de presse nord-coréenne, l’organe de propagande, avait décrété que le virus était une arme biologique des États-Unis pour “atteindre la suprématie mondiale”. Les frontières se sont finalement rouvertes début mars, mais hélas, trop tard pour remplir la ligne de départ.

La course est ouverte aux étrangers depuis l'année dernière. Et, apparemment, cela fait plaisir à Pierre Moreau, seul Français en piste lors de cette édition.
La course est ouverte aux étrangers depuis l’année dernière. Et, apparemment, cela fait visiblement plaisir à Pierre Moreau.

La veille de l’évènement, l’ambiance est encore aux vérifications d’usage. Les tenues des coureurs ne doivent pas être marquées de logos trop imposants ni de messages sensibles. Gare: un participant arbore un t-shirt siglé “Free to Run”! L’un des trois guides suivant nécessairement tout groupe de touristes dès leur entrée sur le territoire fonce illico s’enquérir de l’opinion de ses supérieurs. Finalement validé. “Mais surtout, ne vous écartez pas du parcours”, répète-t-il. “Le gouvernement attache extrêmement d’importance à cet événement!” 

6 000 touristes par an

Travaux forcés, culte de la personnalité, autosuffisance économique –même si celle-ci tient de l’illusion, puisque la République populaire démocratique de Corée (RPDC) a vécu de son inclusion dans le bloc soviétique et survit actuellement grâce aux échanges avec la Chine voisine–, à bien des égards la Corée du Nord demeure l’un des pays les moins ouverts de la planète. Pourtant, 5 000 à 6 000 touristes occidentaux s’y pressent chaque année. “Il est aberrant de les critiquer pour être le pays le plus fermé de la planète et de les maintenir dans le même temps à l’isolement”, argue Cockerell, qui s’est déjà rendu dans le pays plus de 140 fois dont une, devenue célèbre, avec Dennis Rodman. C’était en février 2013. Le basketteur américain, dans un esprit d’apaisement, était venu jouer accompagné d’une équipe de vétérans devant Kim Jong-un. Une visite ponctuée d’un Happy birthday chanté au dirigeant suprême qui provoqua un tollé aux États-Unis alors qu’un missionnaire évangéliste américain était, au même moment, détenu par les Nord-Coréens. À un animateur de CNN qui l’interrogeait sur cette proximité dérangeante avec le jeune Kim, Dennis Rodman rétorqua: “Je me fous de ce que vous pensez comme du cul d’un rat.” Quelques jours plus tard, il était admis en cure de désintoxication.

Contrôle de routine.
Contrôle de routine.

Cette année, la plupart des étrangers sont eux aussi repartis avec le sentiment d’avoir vécu une expérience irréelle. Parmi eux, Pierre Moreau, un Français de 28 ans installé à Shanghai. Il a terminé ses 42 kilomètres en 3h35. Il parvenait à peine à marcher lorsque son groupe a visité le musée des Kimilsungia et Kimjongilia, des fleurs que le régime a ajouté au catalogue, déjà pléthorique, d’éléments de cultes. Il y a découvert un nombre incalculable de compositions florales mettant en scène ces variétés d’orchidées et de bégonias. “C’est délirant, je ne crois pas qu’il y ait d’équivalent ailleurs”, dit-il, lui qui est venu pour voir si le pays était “aussi opaque, aussi théâtralisé et aussi pauvre qu’on le prétend”.

Au fond, une faucille, un marteau et un pinceau représentant le Monument de l'édification du Parti des travailleurs.
Au fond, une faucille, un marteau et un pinceau représentant le Monument de l’édification du Parti des travailleurs.

Son groupe est descendu à l’hôtel Yanggakdo, une tour de 47 étages et un millier de chambres qui a le mérite de se situer sur une île. Ainsi, les étrangers ne risquent pas de s’aventurer bien loin. On leur a de toute façon interdit de s’éloigner du parvis de l’hôtel sans guide. Le bâtiment domine la ville et sa place Kim Il-sung où se tiennent les parades militaires. D’un côté du fleuve, la tour du Juché, de l’autre, une flamme trônant au sommet d’une impressionnante obélisque à la gloire de l’idéologie officielle. Des huit ascenseurs de l’hôtel, seuls deux fonctionnent. Les Nord-Coréens ne savent pas toujours gérer leurs délires immobiliers. Le cas le plus frappant: la tour Ryugyong, une pyramide de 105 étages et 3 000 chambres dont la construction fût lancée à la fin des années 80 pour répondre à la course aux gratte-ciel de l’ennemi juré du Sud. Trente-cinq ans plus tard, elle n’est toujours pas achevée, même si une compagnie de téléphonie mobile égyptienne s’est chargée de couvrir ses façades de verre, condition sine qua none pour remporter le contrat d’installation d’un réseau cellulaire –deux en fait, l’un pour les Nord-Coréens pouvant s’offrir un portable, l’autre pour les diplomates, humanitaires et touristes qui visitent le pays, les deux ne pouvant s’appeler.

Les statues de Kim Il-sung et Kim Jong-il sur la place Mansudae Hill.
Les statues de Kim Il-sung et Kim Jong-il sur la place Mansudae Hill.

Du patin à roulettes

De la course en elle-même, Pierre Moreau dit qu’il a été déçu. D’abord, le parcours était une boucle unique de dix kilomètres qu’il a dû répéter quatre fois –un choix que les coureurs ne s’expliquent autrement que par le souci de les garder à l’œil. Ensuite, petite coquetterie, en cas de pause pipi, il fallait être accompagné d’un guide, s’éloigner du parcours et grimper les trois étages d’un restaurant d’État. Autant le dire tout net: il ne fallait pas être pressé. Enfin, dernier impératif: les portes du stade se refermaient quatre heures après le départ. “Si après trois tours vous constatez que vous ne serez pas dans les temps, autant abandonner”, conseillait ainsi un guide à son groupe de coureurs à quelques minutes du départ. Le Français dit aussi qu’il a été surpris par le nombre de curieux venus s’amasser le long du parcours, mais qui avaient disparu dès la première boucle achevée.

De jeunes badauds regardent passer les coureurs avant de disparaitre dès la deuxième boucle.
De jeunes badauds regardent passer les coureurs avant de disparaitre dès la deuxième boucle.

Tandis que, dans le stade, les 40 000 spectateurs n’applaudissaient que lorsque l’ordre leur était donné de le faire. Malgré tout, Pierre a l’impression d’avoir découvert “un tableau de la Corée du Nord qui n’est pas celui que l’on voit dans la presse”.

Chauffeur de salle, un métier d'avenir en Corée du Nord.
Chauffeur de salle, un métier d’avenir en Corée du Nord.

Une Corée où la mode du patin à roulettes tourne au phénomène de masse, ou l’on peut voir une modeste classe moyenne grimper dans des taxis dont la marque chinoise est recouverte d’un logo nord-coréen et, surtout, où la population locale se révèle, en fait, très curieuse du monde extérieur. Quels films ont connu le succès ces derniers temps en “Europe”, le terme utilisé pour désigner le monde occidental de manière générique? Est-il vrai que l’Amérique se rapproche de Cuba? Etc. De quoi faire dire à Simon Cockerell que le marathon est, à sa façon, une première étape vers la diplomatie: “Leur image des étrangers est si négative que le seul fait de courir ensemble est un premier pas.” Reste à savoir vers quoi.

par Harold Thibault

PORTFOLIO

Le refuge nazi

Il y a quelques semaines, les clichés de trois ruines dans la jungle argentine déterraient de vieilles histoires de nazis : les maisons auraient servi de refuge à un haut gradé du IIIe Reich, Martin Bormann. Ce portfolio complète le reportage à San Ignacio, dans le Nord-Est argentin, publié dans Society #4 (en kiosque).